LA FRANCE PITTORESQUE
3 mai 1798 : expédition d’Egypte
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Publié le mercredi 1er mai 2013, par Redaction
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Ce projet fut conçu sous le ministère du duc de Choiseul, mais l’idée de le mettre à exécution appartient à Napoléon. Plusieurs intérêts l’y poussèrent. Le traité de Campo-Formio, qui pacifiait le continent, ne portait nulle atteinte à la prospérité de l’Angleterre.

Bonaparte et son Etat-Major en Egypte. Peinture de Jean-Léon Gérôme

Bonaparte et son Etat-Major en Egypte. Peinture de Jean-Léon Gérôme

Nos colonies restaient toujours en sa puissance, et sa marine lui assurait sans partage le commerce du monde. Bonaparte pensa qu’en s’emparant de l’Egypte, la France porterait un dommage immense aux intérêts britanniques ; que par cette conquête, qui lui acquerrait un sol où les productions des deux Indes pourraient se naturaliser, elle s’assurerait des communications plus promptes et plus faciles avec l’Indoustan, et même qu’elle en ouvrirait la route à ses armées.

C’est en Italie, pendant les négociations de Passeriano, qu’il laissa entrevoir ses idées sur ce projet, qui se reproduisent dans un discours que Monge, son ami, adressa peu de temps après au Directoire. Elles ne furent pas d’abord adoptées par les cinq hommes. Résolus, depuis la rupture des conférences de Lille, à faire à l’Angleterre une guerre d’extermination, ils faisaient des préparatifs formidables dans tous les ports de France et même dans ceux d’Espagne et de Hollande : des bataillons se dirigeaient de tous les points de la république vers les côtes de l’Océan : mais c’était dans leur île même qu’ils voulaient attaquer les Anglais.

Le conquérant de l’Italie fut chargé de faire l’inspection de ces armements. Convaincu par le voyage qu’il fit à cet effet de l’impossibilité d’exécuter, pour le moment, le projet du Directoire, il parvint à y substituer le sien, et à faire employer à une expédition en Egypte les préparatifs faits pour une descente en Angleterre. Peut-être aussi le gouvernement, que la présence d’un pareil homme à Paris contrariait et inquiétait même, ne fut-il pas fâché de le voir s’engager dans une expédition lointaine, qui promettait d’ailleurs de grands avantages à la France.

Le 12 avril, le Directoire prit donc un arrêté qui ordonnait la création d’une armée d’Orient, et en donnait le commandement au général Bonaparte. Personne n’était plus propre à une pareille mission : elle exigeait la réunion des talents les plus rares, la réunion du génie qui sait conquérir et de celui qui sait conserver ; nul ne les possédait à un plus haut degré que le vainqueur de l’Italie : sa haute capacité se manifesta par la promptitude avec laquelle il fit les immenses dispositions qu’exigeait une pareille entreprise ; et son discernement, par le choix des hommes qu’il associa à sa fortune.

Quelques semaines lui suffirent pour rassembler et armer dans les ports de la Méditerranée, tant en Italie qu’en France, quatre cents bâtiments de transport, que protégeaient soixante et douze bâtiments de guerre de diverses grandeurs, parmi lesquels on comptait treize vaisseaux de ligne et huit frégates, et sur lesquels s’embarquèrent trente mille hommes, élite de l’armée d’Italie, commandés par l’élite des généraux de toutes les armées.

Un nombre considérable de savants et d’artistes suivait aussi cette expédition, qui se composait de tout ce qui était nécessaire pour soumettre le pays et pour y fonder une colonie. Le 3 mai, le généralissime partit de Paris pour Toulon, où il devait s’embarquer.

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