LA FRANCE PITTORESQUE
26 avril 1566 : mort de Diane
de Poitiers, duchesse de Valentinois,
favorite du roi Henri II
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Publié le mardi 26 avril 2016, par Redaction
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Diane, fille de Jean de Poitiers , seigneur de Saint-Vallier, avait été placée fort jeune auprès de la duchesse d’Angoulême, mère de François Ier, et ensuite était entrée au service de la reine Claude, en qualité de fille d’honneur. Son crédit et sa beauté sauvèrent la vie à son père, dont elle obtint la grâce au moment où il allait être décapité, pour avoir favorisé l’évasion du connétable de Bourbon.

Il y avait cinq ans que Diane était veuve de Louis de Brézé, grand Sénéchal de Normandie, et elle avait au moins quarante ans, lorsque Henri II, qui n’en avait que dix-huit, en devint éperdument amoureux, et quoique âgée de près de soixante à la mort de ce prince, elle avait toujours conservé le même empire sur son cœur. Il portait sa livrée (le noir et le blanc) au tournois dans lequel il fut blessé mortellement.

Diane de Poitiers

Diane de Poitiers

Pendant que François régnait encore, le crédit naissant de Diane auprès de l’héritier présomptif de la couronne, faisait beaucoup d’ombrage à l’autorité de la duchesse d’Etampes, maîtresse de François Ier. Comme le dauphin était plus jeune que Diane, de dix-huit ans, la duchesse d’Etampes, pour le faire rougir de sa passion, exagérait cette disproportion d’âge, et disait qu’elle était née le jour où Diane de Poitiers s’était mariée ; elle se donnait par là un double avantage, celui de se rajeunir, et celui de vieillir son ennemie. Dans la vérité, il n’y avait entre elles que huit ans de différence ; mais c’est plus qu’il n’en fallait entre deux femmes jalouses.

Diane devint toute puissante sous le règne de Henri II. Catherine de Médicis, si puissante depuis et si terrible, alors complaisante et soumise, respectait, flattait même les goûts de son mari, et pour obtenir l’ombre d’un crédit inutile, rampait sous une rivale qu’elle détestait.

Les courtisans qui avaient été si longtemps dans l’adoration devant elle, lui tournèrent le dos, suivant l’usage, dès que Henri II fut à l’extrémité ; et Catherine de Médicis lui envoya ordre de rendre les pierreries de la couronne, et de se retirer dans un de ses châteaux : « Le roi est-il mort ? demanda-t-elle à celui qui était chargé de cette commission. — Non, madame, répondit-il, mais il ne passera pas la journée. — Eh bien, répliqua-t-elle, je n’ai donc point encore de maître ; et je veux que mes ennemis sachent que quand ce prince ne sera plus, je ne les crains point : si j’ai le malheur de lui survivre longtemps, mon cœur sera trop occupé de sa douleur pour que je puisse être sensible aux chagrins et aux dégoûts qu’on voudra me donner. »

C’est avec la même fierté qu’elle répondit un jour à Henri II, qui voulait reconnaître une fille qu’il avait eue d’elle : « J’étais de naissance à avoir des enfants légitimes de vous ; j’ai été votre maîtresse, parce que je vous aimais ; je ne souffrirai pas qu’un arrêt me déclare votre concubine. »

Après la mort de Henri II, elle se retira et mourut dans le magnifique château d’Anet, que ce prince lui avait fait bâtir, et devant lequel Voltaire fait passer l’Amour, dans le neuvième chant de la Henriade :

Il voit les murs d‘Anet bâtis aux bords de l’Eure ;
Lui-même en ordonna la superbe structure ;
Par ses adroites mains avec art enlacés,
Les chiffres de Diane y sont encore tracés,
Sur sa tombe en passant les Plaisirs et les Grâces,
Répandirent les fleurs qui naissaient sur leurs traces.

Les chiffres de Diane sont en effet mêlés dans tous les ornements de ce château, lequel n’est pas loin de la plaine d’lvry.

Ces plaisirs et ces grâces avaient toujours été fidèles à Diane, et l’avaient suivie jusqu’au bord de sa tombe. « Six mois avant sa mort, je la vis, dit Brantôme, si belle encore, que je ne sache cœur de roche qui n’en fût ému, quoique quelque temps auparavant elle se fût rompu une jambe sur le pavé d’Orléans, allant et se tenant à cheval aussi dextrement et dispostement comme elle avait jamais fait ; mais le cheval tomba et glissa sous elle : il aurait semblé que telle rupture et les maux qu’elle endura, auraient dû changer sa belle face. Point du tout : sa beauté, sa grâce et sa belle apparence étaient toutes pareilles qu’elles avaient toujours été. C’est dommage que la terre couvre un si beau corps. (...) Il faut que le peuple de France prie Dieu qu’il ne vienne jamais favorite de roi plus mauvaise que celle-là, ni plus malfaisante. »

Suivant le même historien, Diane jouit encore d’un autre privilège fort précieux : elle ne fut jamais malade. Dans les plus grands froids de l’hiver, elle se lavait le visage avec de l’eau de puits, et n’usa jamais d’aucune pommade ; elle s’éveillait tous les matins à six heures, montait à cheval, faisait une ou deux lieues, et venait se remettre dans son lit, où elle lisait jusqu’à midi. Ce fut là sans doute son secret pour n’être jamais malade, et rester toujours belle.

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