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Chambre des députés, prostituée !
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Publié le mardi 12 février 2013, par Redaction
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L’expression « Chambre prostituée » devint célèbre le 2 avril 1833 lorsque Viennet, poète et député, provoqua un violent tumulte à la Chambre en dénonçant le journal la Tribune qui, dans son numéro du matin, contenait de graves injures contre l’orateur lui-même et contre l’Assemblée tout entière
 

Il y relevait notamment cette phrase : « O le bon billet de La Châtre que nous donne là cette Chambre prostituée ».

Une pareille insulte souleva dans les centres une rumeur d’indignation. Le sieur Lionne, gérant de la Tribune, appelé à la barre de l’Assemblée, comparut dans la séance du 16 avril. Il chargea de sa défense deux de ses collaborateurs, Godefroy Cavaignac et Armand Marrast, le rédacteur en chef.

Ce dernier, loin d’atténuer l’inconvenance des expressions incriminées, s’efforça de les mettre en relief et s’exprima avec cette éloquence que rend toujours facile l’oubli de toute modération. Passant en revue les différentes Chambres qui s’étaient succédé depuis le début de la Restauration, et leur appliquant à toutes la qualification de prostituée, il terminait ainsi sa tirade :

« La Chambre qui entassa emprunt sur emprunt, qui prodigua les fonds secrets, qui maintint les privilèges, qui jeta honneur, dignité nationale, trésor public à la voirie des loups-cerviers, prostituée ! prostituée ! »

Une insolente plaidoirie qui sans doute explique que Lionne fut condamné à trois ans de prison et dix mille francs d’amende. Mais le mot resta.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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