LA FRANCE PITTORESQUE
Être réduit à quia
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Publié le vendredi 24 novembre 2017, par Redaction
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Être réduit à l’impossibilité de répondre, comme un argumentateur qui, cherchant à expliquer le pourquoi d’une chose, s’arrêterait à dire quia... quia... (parce que... parce que...) faute de trouver une raison
 

Cette locution est venue des discussions de l’école où l’argumentation se faisait en latin. Dante, dans son Purgatoire, l’a employée pour marquer la limite du savoir humain. « Race humaine, s’écrie-t-il, contentez-vous de quia. »

State contenti, umana gente, al quia (Cant. III)

Être réduit à quia s’est dit aussi, par extension de sens, d’une personne ruinée, à qui le mauvais état de ses affaires ne laisse aucune ressource, et d’une personne malade qui est sans espoir de guérison. Dans les vers suivants de Marot, aller à quia signifie descendre au tombeau.

De trois jours l’un viennent tâter mon pouls
Messieurs Braillon, Lecoq, Akakia,
Pour me garder d’aller jusqu’à quia.

Braillon, Lecoq et Akakia furent trois médecins fameux du temps de François Ier.

Aller à quia se trouve encore avec l’acception de mourir, dans un vieil adage très curieux que voici :

Pour ne pas aller à quia
Garde-toi de saligia.

C’est même la mort éternelle, tout aussi bien que la mort temporelle, qui paraît désignée ici par cette expression ; quant au mot saligia, c’est un sigle formé des lettres initiales des sept noms donnés en latin aux sept péchés capitaux : Superbia, orgueil, Avaritia, avarice, Luxuria, luxure, Ira, colère, Gula, gourmandise, Invidia, envie, Acedia, paresse. Cet adage mnémotechnique, usité chez nos dévots aïeux, est traduit du vers suivant, composé pour servir d’inscription dans les salles des séminaires et des écoles :

Ut sit vita tibi semper Saligia vita.
(Pour vivre toujours évite Saligia).

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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