LA FRANCE PITTORESQUE
16 décembre 714 : mort de Pépin de Herstal,
arrière-grand-père de Charlemagne
(D’après « Éphémérides universelles, ou Tableau religieux, politique,
littéraire, scientifique et anecdotique, etc. » (Tome 12), édition de 1835)
Publié le mardi 6 décembre 2016, par Redaction
Imprimer cet article
Père de Charles Martel, Pépin d’Héristal dit Pépin le Gros, fut maire du palais d’Austrasie — il y avait un maire du palais dans chaque royaume franc, et cette fonction était la plus élevé après le roi — de 676 à sa mort, pendant plus de 35 ans, et prépara l’avènement de la dynastie carolingienne
 

Pépin de Herstal ou d’Héristal, surnommé Pépin le Gros, était petit-fils de Pépin le Vieux, qui avait été maire du palais du royaume d’Austrasie, sous les rois Dagobert et Sigebert, et qui était mort en 640. L’origine de la puissance de la dynastie carolingienne, que Pépin le Bref, petit-fils de Pépin le Gros, plaça sur le trône de France en 751, remonte à Pépin le Vieux.

Pépin de Herstal

Pépin de Herstal

Cependant l’essor de cette famille fut un moment arrêté parce que Grimoald, un des fils de Pépin le Vieux et son successeur dans la charge de maire du palais d’Austrasie voulut aller trop vite. Il fit proclamer son fils roi d’Austrasie, après la mort du roi Sigebert III (656), mais comme cette usurpation était prématurée, les Austrasiens se révoltèrent, le saisirent ainsi que son fils, et les livrèrent à Clovis II, roi de Bourgogne et de Neustrie, qui les jeta dans une prison, où l’histoire les a oubliés. Pépin le Gros eut donc à réparer les fautes de son oncle Grimoald.

Les circonstances le servirent heureusement. L’extinction de la branche royale régnante en Austrasie devait faire rentrer ce royaume sous la domination de Thierry Ier, roi de Bourgogne et de Neustrie, mais les Austrasiens aimèrent mieux ne pas avoir de roi que de reconnaître un roi étranger, d’autant plus qu’ils redoutaient le féroce et avide. Ebroin, qui, en qualité de maire du palais de Neustrie, régnait réellement au nom de Thierry. Ils se donnèrent pour souverains deux ducs, dont l’un fut Pépin le Gros que recommandait la mémoire de son aïeul, Pépin le Vieux. Martel, l’autre duc, ayant été tué peu de temps après cette élection, il ne lui fut pas nommé de successeur, et Pépin le Gros demeura seul maître de l’Austrasie.

Ebroin avait attaqué les Austrasiens pour les soumettre au sceptre de Thierry, mais il fut assassiné au milieu de ses victoires (681), et le jeune roi de Neustrie et de Bourgogne resta chargé d’une guerre, qu’il était incapable de conduire. Pépin le Gros, adversaire redoutable sous tous les rapports, l’obligea bientôt à traiter et à recevoir les conditions qu’il lui convint d’imposer. Il se fit reconnaître duc souverain du royaume d’Austrasie, et nommer maire du palais de Neustrie et de Bourgogne ; c’est-à-dire qu’il régna de fait et de droit en Austrasie, et de fait seulement en Bourgogne et en Neustrie (686). Ainsi donc, pendant vingt-huit ans, sous les rois fainéants, Thierry III (mort en 691), Clovis IV (mort en 695), Childebert III (mort en 711) et Dagobert III ( mort en 715), Pépin, en cette double qualité de duc d’Austrasie et de maire du palais de Neustrie et de Bourgogne, gouverna despotiquement la France, que formait la réunion de ces trois royaumes.

Le souvenir de son oncle Grimoald, tout puissant sur un homme aussi prudent, l’empêcha de prendre le titre de roi : mais il ne s’abstint que du titre, car il exerçait tout le pouvoir royal, et se faisait rendre tous les honneurs royaux, sans laisser même à ceux dont il semblait seulement le ministre, la vaine consolation d’une cour brillante et des insignes de leur rang. Au reste, Pépin le Gros légitima son usurpation par la sagesse et la fermeté de son gouvernement, et ses talents militaires ainsi que ses qualités administratives le rendaient plus digne du trône que les descendants de Clovis, auxquels il permettait encore de s’y asseoir dans les occasions solennelles.

Pépin de Herstal. Gravure de 1850 colorisée

Pépin de Herstal. Gravure de 1850 colorisée

La puissance de Pépin le Gros ne semblait pas devoir lui survivre par suite des mesures mêmes qu’il avait prises pour la conserver dans sa famille. Cédant aux sollicitations de Plectrude, sa femme, il avait, avant de mourir, fait déclarer son petit-fils Théobald, maire du palais de Neustrie, au préjudice de son fils, Charles Martel, qu’il avait eu d’une concubine, la belle Alpaïde. Une femme et un enfant étaient peu propres à recueillir et à défendre un héritage, tout composé d’usurpations récentes et que tant d’envieux allaient attaquer ; aussi à peine Pépin avait-il fermé les yeux que des rébellions éclatèrent ; de toutes parts contre l’autorité qu’il avait léguée à Plectrude et à Théobald.

Les belles destinées de la dynastie carolingienne étaient encore une fois compromises, lorsque Charles Martel, échappé de la prison où le retenait sa belle-mère, vint les rétablir et les consolider. Pépin le Gros possédait, comme nous l’avons déjà dit, toutes les qualités qui firent la gloire et la force de ses descendants ; une grande dextérité dans les affaires, une prudence profonde dans les conseils, une valeur brillante sur les champs de bataille. Son règne ne fut ni sans éclat, ni sans utilité.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE