LA FRANCE PITTORESQUE
10 décembre 1720 : Law s’enfuit de Paris
()
Publié le dimanche 9 décembre 2012, par Redaction
Imprimer cet article

Law est le nom trop connu de l’auteur de ce déplorable système qui perdit pour longtemps en France les fortunes et les mœurs. Il était né à Edimbourg en Ecosse : il était fils d’un coutelier. Ayant séduit à Londres la fille d’un lord, et tué le frère de sa maîtresse, il fut condamné à être pendu ; il s’enfuit, et mena longtemps une vie errante en Hollande, en Italie, proposant partout son fatal système. Le premier roi de Sardaigne, Victor Amédée, auquel il présenta son plan, lui répondit qu’il n’était pas assez riche pour se ruiner.

John Law

John Law

Law vint en France, et fit la même proposition au. contrôleur-général Desmarets, en 1709 ; mais c’était dans le temps d’une guerre malheureuse, où toute la confiance était perdue, et la base de ce système était la confiance. Enfin, il trouva tout favorable sous la régence du duc d’Orléans : deux milliards de dettes à éteindre, un prince et un peuple amoureux des nouveautés.

Il établit d’abord une banque, en son propre nom, en 1716 ; elle devint bientôt un bureau général des recettes du royaume. On y joignit une compagnie du Mississipi, compagnie dont on faisait espérer de grands avantages. Le public, séduit par l’appât du gain, s’empressa d’acheter avec fureur des actions de cette compagnie et de cette banque réunies. Les richesses, auparavant resserrées par la défiance, circulèrent avec profusion ; les billets doublaient, quadruplaient ces richesses.

La France en effet fut très riche par le crédit. La banque fut déclarée banque du roi en 1718 ; elle se chargea du commerce du Sénégal, des fermes générales du royaume, et acquit l’ancien privilège de la compagnie des Indes. Cette banque étant établie sur de si vastes fondements, ses actions augmentèrent vingt fois au-delà de leur première valeur. En 1719 elles valaient quatre-vingts fois tout l’argent qui pouvait circuler dans le royaume. Le gouvernement remboursa en papier tous les rentiers de l’Etat, et ce fut l’époque de la subversion des fortunes les mieux établies.

Ce fut alors, en 1720, qu’on donna la place de contrôleur des finances à Law. On le vit en peu de temps d’Ecossais devenir Français par la naturalisation ; de protestant, catholique ; d’aventurier, seigneur des plus belles terres. Le désordre était au comble. Le parlement de Paris s’opposa, autant qu’il le put, à ces innovations, et il fut exilé à Pontoise. Enfin, dans la même année, Law, chargé de l’exécration publique, fut obligé de s’évader furtivement de Paris, pour se soustraire à la fureur du,peuple qui allait le mettre en pièces.

Il se retira d’abord dans une de ses terres en Brie ; mais, ne s’y trouvant pas en sûreté, il reprit sa vie errante, parcourut l’Allemagne, l’Angleterre et le Danemark, et alla mourir enfin à Venise, aussi misérable que tous les actionnaires de France.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE