LA FRANCE PITTORESQUE
Projet de « Miss France »
âgées de plus de 60 ans ?
(D’après « Le Petit Journal illustré », paru en 1930)
Publié le mercredi 7 janvier 2015, par Redaction
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La récente élection de Miss France – concours initié en 1920 dont la lauréate se voyait décerner le titre de « La plus belle femme de France » avant qu’on opte pour « Miss France » à partir de 1926 – offre l’occasion début 1930 au journaliste J. Saint-Gilles, de signaler le même type de manifestation en Angleterre, mais pour les femmes de plus de 60 ans
 

On s’est beaucoup occupé, ces jours-ci, de l’élection de « Miss France », la jeune fille qui doit représenter la beauté française dans un prochain tournoi international, écrit-il. La jeunesse et la beauté réunies piquent la curiosité. Aussi n’a-t-on guère prêté attention à un petit événement signalé presque en même temps : à Nottingham, en Angleterre, a eu lieu, récemment, un concours de ce genre, réservé, lui, uniquement aux femmes ayant dépassé la soixantaine.

Agnès Souret, élue La plus belle femme de France en 1920

Agnès Souret, élue La plus belle femme de France en 1920

Il s’agissait de choisir la plus jolie vieille dame : or, celle qui l’emporta, et qui se nomme Mme Maria White, avait quatre-vingt deux ans. Peut-être allez-vous sourire ? Vous auriez tort. Loin d’être risible, cette initiative, quand on y réfléchit, paraît tout à fait charmante. Il existe, en effet, une beauté qui diffère selon les âges, la beauté éclatante de la vingtième année, la beauté discrète et réfléchie de la quarantaine, la beauté noble et pure de la vieillesse. Bien mieux, si la nature l’a mal partagée, il est difficile à une jeune fille ou à une femme de paraître jolie quand elle ne l’est point ; en revanche, on peut affirmer qu’une femme âgée, en dépit des traits du visage, peut toujours acquérir un certain charme qui la distingue des autres.

Ce charme est fait d’éléments très divers : les cheveux blancs, qui confèrent un air de dignité et, en même temps, adoucissent les traits ; la façon de porter la tête, l’allure, la démarche et les gestes empreints de noblesse et dont l’aisance s’acquiert peu à peu au cours d’une longue existence, le sourire indulgent, la voix, enfin, qui devient comme une caresse.

Regardez autour de vous et vous aurez la surprise de constater que des femmes, autrefois jeunes filles insignifiantes et mamans sans attrait, sont maintenant des grands-mères délicieuses. L’expérience de la vie a remodelé, pourrait-on dire, leur apparence physique et leur a donné une certaine beauté, celle de la vieillesse.

Voilà pourquoi le concours de Nottingham me semble plus intéressant à signaler que celui de Paris, écrit encore J. Saint-Gilles. Et j’ajoute que les réflexions que je viens de faire pour les femmes conservent toute leur valeur pour les hommes : nombreux aussi sont les « beaux vieillards » devant lesquels on s’incline avec autant d’admiration que de respect.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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