LA FRANCE PITTORESQUE
17 novembre 1605 : découverte
de la Conspiration des poudres
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Publié le vendredi 16 novembre 2012, par Redaction
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Cette conspiration est fameuse dans les annales de l’Angleterre. Peut-être est-il permis de douter d’un complot aussi étrange, ou du moins de certaines circonstances que les historiens anglais ont ajoutées à leur récit, pour rendre odieuse la religieuse catholique ; quoi qu’il en soit, voici comme on raconte cette conspiration extraordinaire.

Jacques Ier d’Angleterre ayant donné à son avènement à la couronne, un édit peu favorable aux catholiques, quelques furieux résolurent, pour se venger, d’exterminer d’un seul coup le roi et tous les ennemis de leur religion. Un Percy, de la maison de Northumberland, un Catesby et plusieurs autres, conçurent l’idée de mettre trente-six tonneaux de poudre sous la chambre où le roi devait haranguer son parlement.

Jamais crime ne fut d’une exécution plus facile, et jamais succès ne parut plus assuré. Personne ne pouvait soupçonner une entreprise si inouïe ; aucun empêchement n’y pouvait mettre obstacle. Les trente-six barils de poudre, achetés en Hollande en divers temps, étaient déjà placés sous les solives de la chambre, dans une cave de charbon louée depuis plusieurs mois par Percy. On n’attendait que le jour de l’assemblée ; il n’y aurait eu à craindre que les remords de quelques conjurés ; mais les jésuites Garnet et Oldecorne, auxquels ils s’étaient confessés, avaient écarté les remords, Percy qui allait, sans pitié, faire périr la noblesse et le roi, eut pitié d’un de ses amis nommé Monteagle, pair du royaume, et ce seul mouvement d’humanité fit avorter l’entreprise. Il écrivit, par une main étrangère à ce pair : « Si vous aimez la vie, n’assistez point à l’ouverture du parlement ; Dieu et les hommes concourent à punir la perversité du temps : le danger en sera passé en aussi peu de temps que vous en mettrez à brûler cette lettre. »

Percy, dans sa sécurité, ne croyait pas possible devinât que le parlement entier devait périr par un amas de poudre ; cependant, la lettre ayant été lue dans le conseil du roi, et personne n’ayant pu conjecturer la nature du complot, dont il n’y avait pas le moindre indice, le roi réfléchissant sur le peu de temps que le danger devait durer, imagina précisément quel était le dessein des conjurés. On va par son ordre, la nuit même qui précédait le jour de l’assemblée, visiter les caves sous la salle : on trouve un homme à la porte, avec une mèche et un cheval qui l’attendait ; on trouve les trente-six tonneaux.

Percy et les chefs, au premier avis de la découverte, eurent encore le temps de rassembler cent cavaliers catholiques, et vendirent chèrement leur vie ; huit conjurés seulement furent pris et exécutés. Les deux jésuites périrent du même supplice.

Jacques Ier fit dresser alors, pour tous les catholiques, le serment d’allégeance, par lequel ils promettaient d’obéir fidèlement au roi comme à leur légitime souverain, et protestaient contre le pouvoir que les controversistes attribuaient alors au pape, de déposer les monarques, et de délier les sujets du serment de fidélité. Ceux qui signèrent cette formule, loin d’être persécutés, furent protégés comme les autres citoyens.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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