16 novembre 1676 : découverte importante sur la lumière, confirmée par l'éclipse du premier satellite de Jupiter

On doit à la sagacité de Roëmer une des plus importantes découvertes en physique, savoir : que la lumière met un certain temps à venir jusqu’à nous. Dans toutes les éclipses du premier satellite de Jupiter, il se trouvait toujours qu’en certains temps il sortait de l’ombre quelques minutes plus tard, et dans d’autres plus tôt qu’il n’aurait dû faire, et l’on ne voyait aucun principe de cette variation. En comparant ces temps les uns aux autres, Roëmer vit que le satellite sortait plus tard de l’ombre justement quand la terre, par son mouvement annuel, s’éloignait de Jupiter, et plus tôt, quand elle s’en approchait.

De là Roëmer commença à former cette conjecture ingénieuse : que la lumière pouvait employer quelque temps à se répandre. Cela supposé, si le satellite sortait plus tard de l’ombre quand nous étions plus éloignés de lui, ce n’était pas qu’il en sortît effectivement plus tard, mais sa lumière était plus de temps à venir jusqu’à nous, parce que, pour ainsi dire, nous avions fui devant elle ; au contraire, quand nous allions à sa rencontre, le séjour du satellite dans l’ombre nous devait paraître plus court.

Pour éprouver la vérité de cette pensée, il calcula quelle différence de temps dans les sorties de l’ombre ou émersions du satellite répondait aux différents éloignements de la terre, et il trouva que la lumière retardait de onze minutes pour une différence d’éloignement égale à la distance de la terre au soleil. Sur ce pied là, il annonça à l’Académie que, si sa supposition était vraie , une émersion du premier satellite qui devait arriver le 16 novembre, arriverait plus tard qu’elle n’eût dû arriver suivant le calcul ordinaire. L’événement répondit à la prédiction de Roëmer.