On lit dans l’Iliade (traduction de Boileau) :
Autant qu’un homme assis au rivage des mers Voit d’un roc élevé d’espace dans les airs, Autant des immortels les coursiers intrépides En franchissent d’un saut, etc. |
Lorsqu’on voit un jeune poète, dit Racine le fils, passer tout à coup d’Alexandre à Andromaque, on croit le voir franchir autant d’espace que ces coursiers dont parle Homère. Le sujet de cette pièce est la mort de Pyrrhus. Son amour pour Andromaque, qui le rend infidèle à Hermione, et la fureur d’Hermione qui trouve dans Oreste un amant prêt à la venger, est ce qui forme le nœud, et conduit à la catastrophe. Ainsi, nul personnage épisodique.
On n’y perd jamais de vue la principale action, puisqu’il n’y a qu’une action et qu’un intérêt, comme le dit J.-B. Rousseau dans une de ses lettres : « Les quatre intérêts des quatre personnages se réunissent en un seul intérêt, ou pour mieux dire, en une seule action. »
Le grand Condé trouvait Pyrrhus un malhonnête homme, en ce qu’il manque de parole à Hermione. Mais en amour, les héros ne se piquent pas ordinairement de probité. On trouvait aussi Pyrrhus trop violent, trop emporté et trop farouche. Racine s’en justifiait ainsi dans sa préface : « Certaines gens se plaignent que Pyrrhus s’emporte contre Andromaque, et qu’il veuille à toute force l’épouser. J’avoue qu’il n’est pas assez résigné à la volonté de sa maîtresse, et que Céladon a mieux connu que lui le parfait amour : mais qu’y faire ? Pyrrhus n’avait pas lu nos romans. Il était violent de son naturel, et tous les héros ne sont pas des Céladons. »
Le célèbre acteur Montfleury mourut des efforts qu’il faisait en jouant le rôle d’Oreste.
Cet acteur (dit Robinet) en jouant Oreste, Hélas ! a joué de son reste. O rôle tragique et mortel ! |
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