LA FRANCE PITTORESQUE
7 novembre 1659 : traité des Pyrénées
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Publié le dimanche 4 novembre 2012, par Redaction
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La guerre durait depuis vingt-cinq ans entre la France et l’Espagne. Dès l’année 1656, Mazarin avait envoyé Lionne à Madrid, pour solliciter la paix, et demander l’infante. Dom Louis de Haro avait d’abord rejeté les offres du cardinal ; mais après la bataille des Dunes, gagnée par le maréchal de Turenne, les Espagnols demandèrent une suspension d’armes, et promirent l’infante. Mazarin et dom Louis se rendirent sur les frontières d’Espagne et de France, dans l’île des Faisans.

Quoique le mariage d’un roi de France et la paix générale fussent l’objet de leurs conférences, cependant plus d’un mois se passa à arranger les difficultés sur la préséance, et à régler le cérémonial. Les cardinaux se disaient égaux aux rois, et supérieurs aux autres souverains. La France prétendait, avec plus de justice, la prééminence sur les autres puissances. Cependant, dom Louis de Haro mit une égalité parfaite entre Mazarin et lui, entre la France et l’Espagne.

Entrevue de Louis XIV de France et de Philippe IV d'Espagne dans l'Île des Faisans en 1659

Entrevue de Louis XIV de France et de Philippe IV d’Espagne dans l’Île des Faisans en 1659

Les conférences durèrent quatre mois : Mazarin et dom Louis y déployèrent toute leur politique ; cette du cardinal était la finesse, celle de dom Louis, la lenteur ; celui-ci ne donnait jamais de paroles, et celui-là en donnait toujours d’équivoques. Le génie du ministre italien était de vouloir surprendre, celui de l’espagnol était de s’empêcher d’être surpris. On prétend qu’il disait du cardinal : « II a un grand défaut en politique, c’est qu’il veut toujours tromper. »

Telle est la vicissitude des choses humaines, que de ce fameux traité des Pyrénées, il n’y a pas deux articles qui subsistent aujourd’hui. Le roi de France garda le Roussillon, qu’il aurait toujours conservé sans cette paix ; mais à l’égard de la Flandre, la monarchie espagnole n’y a plus rien. La France était alors l’amie nécessaire du Portugal. Mais si dom Louis de Haro avait dit que le cardinal Mazarin savait tromper, on a dit depuis qu’il savait prévoir. Il méditait, dès longtemps, l’alliance des maisons de France et d’Espagne. On cite cette fameuse lettre de lui, écrite pendant les négociations de Munster :

« Si le roi très chrétien pouvait avoir les Pays-Bas et la Franche-Comté en dot, en épousant l’infante, alors nous pourrions aspirer à la succession d’Espagne, quelque renonciation qu’on fît faire à l’infante ; et ce ne serait pas une attente fort éloignée, puisqu’il n’y a que la vie du prince son frère, qui l’en pût exclure. » Ce prince était alors Balthazar, qui mourut en 1649.

Dom Louis de Haro obligea le cardinal Mazarin a faire recevoir en grâce le prince de Condé, en menaçant de lui laisser en souveraineté Rocroi, le Catelet et d’autres places dont il était en possession. Ainsi la France gagna à la fois ces villes et le grand Condé ; il perdit sa charge de grand-maître de la maison du roi, qu’on donna ensuite à son fils, et ne revint presque qu’avec sa gloire.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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