LA FRANCE PITTORESQUE
18 octobre 1685 : révocation
de l’édit de Nantes
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Publié le vendredi 19 octobre 2012, par Redaction
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L’édit de Nantes avait été accordé par Henri IV, en 1598. Par cet édit, l’entier exercice de la religion réformée était autorisé dans les lieux qui ressortissaient immédiatement à un même parlement. Les calvinistes pouvaient faire imprimer tous leurs livres dans les villes où leur religion était permise. Ils étaient déclarés capables de toutes les charges et dignités de l’Etat.

On créa une chambre exprès au parlement de Paris, composée d’un président et de seize conseillers, laquelle jugea tous les procès des réformés non seulement dans le district immense du ressort de Paris, mais encore dans celui de Normandie et de Bretagne ; elle fut nommée la Chambre de l’Edit.

C’est une erreur bien ancienne, et dont on a toujours éprouvé de terribles effets, que la force peut opérer des conversions. Louis XIV commença d’abord par supprimer la Chambre de l’Edit. Une foule d’arrêts du conseil parut coup sur coup, pour exterminer la religion proscrite. Il fut ordonné à tous les ministres qui ne voulaient pas se convertir, de sortir du royaume dans quinze jours.

C’était s’aveugler que de penser qu’en chassant les pasteurs, une grande partie du troupeau ne suivrait pas. Près de cinquante mille familles, en trois ans de temps, sortirent du royaume, et furent après suivies par d’autres. Elles allèrent porter chez les étrangers les arts, les manufactures, la richesse. Presque tout le nord de l’Allemagne, pays encore agreste et dénué d’industrie, reçut une nouvelle face de ces multitudes transplantées.

Elles peuplèrent des villes entières. Les étoffes, les galons, les chapeaux, les bas qu’on achetait auparavant de la France, furent fabriqués par eux. Un faubourg entier de Londres fut peuplé d’ouvriers français, en soie ; d’autres y portèrent l’art de donner la perfection aux cristaux, qui fut alors perdu en France. On trouve encore très communément dans l’Allemagne l’or que les réfugiés y répandirent. Ainsi, la France perdit environ cinq cent mille habitants, une quantité prodigieuse d’espèces, et surtout des arts, dont ses ennemis s’enrichirent. Ils y gagnèrent aussi d’excellents officiers et de bons soldats.

Il y eut des Français qui allèrent s’établir jusque vers le cap de Bonne-Espérance. Le neveu du célèbre Duquesne, lieutenant-général de la marine, fonda une petite colonie à cette extrémité de la terre ; elle n’a pas prospéré : ceux qui s’y embarquèrent, périrent pour la plupart.

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