LA FRANCE PITTORESQUE
21 octobre 1558 : mort de
Jules-César Scaliger
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Publié le vendredi 19 octobre 2012, par Redaction
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Jules-César Scaliger, ou de l’Escale, né le 23 avril 1484 à Vérone, se disait descendu des anciens seigneurs de l’Escale, princes de Vérone, prétention que beaucoup d’autres traitent de chimère ridicule. Ce qu’il y a de certain, c’est que lorsqu’en 1528 , Scaliger obtint en France des lettres de naturalité, il n’y prit point d’autres titres que ceux-ci : Jules-César de l’Escale de Bordoms, docteur en médecine, natif de la ville de Vérone.

Il se vantait d’avoir été militaire, et ne disait pas qu’il avait été cordelier ; il avait jusqu’à la prétention d’être guerrier illustre. Ses prétentions, très vastes aussi, aux talents et à l’érudition, sont moins contestées ; il se distingua par la critique et même par la poésie ; mais ses amis exagéraient évidemment, lorsqu’ils disaient qu’il n’y avait eu ni un plus grand philosophe depuis Aristote, ni un plus grand poète depuis Virgile, ni un plus grand médecin depuis Hippocrate ; Juste Lipse passe toutes les bornes, lorsque, après avoir dit que les quatre plus grands hommes qui aient paru dans le monde, sont Homère, Hippocrate, Aristote et Scaliger, il paraît préférer le dernier aux trois autres.

Scaliger lui-même donnait le ton à ses panégyristes. Cardan et Scioppius, au contraire, l’ont trop rabaissé ; lui-même il a trop combattu Erasme, mais du moins il s’en est repenti, quoique trop tard, et il a fait une espèce de réparation à la mémoire de ce savant. En général, Scaliger fut comme tous les savants du seizième siècle, trop aigre et trop emporté.

Scaliger avait vu naître la réforme, et y était plutôt favorable que contraire. Il attirait trop les regards dans la petite ville d’Agen, pour n’être pas observé ; on crut le trouver en défaut sur le jeûne du carême et sur l’abstinence des viandes ; cette irrégularité était le signe le plus apparent de la réforme ; on recueillit aussi de sa bouche quelques termes peu orthodoxes sur la transubstantiation. L’orage grossissait ; ses amis parvinrent à le dissiper ; et Scaliger mourut catholique à Agen en 1558.

Ses trois principaux ouvrages sont : sa Poétique ; son livre des Principes de la langue latine ; et ses Exercitations contre Cardan. Il avait de l’enthousiasme, et disait qu’il aimerait mieux avoir fait les deux odes d’Horace :

Quem, tu Melpomene, semel, etc.
Donec gratus eram tibi, etc.

que d’être roi d’Aragon. Il ne fut ni roi d’Aragon, ni auteur d’aussi beaux morceaux de poésie. Il eut un grand nombre d’enfants : l’aîné , nommé Constant, et surnommé Le Diable, fut assassiné en Pologne ; Léonard, le second, fut assassiné à Laon, en Picardie ; le troisième, nommé Silvio, exerça la profession de son père, c’est-à-dire qu’il fut médecin ; le quatrième, nommé Joseph Juste, est le plus célèbre.

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