LA FRANCE PITTORESQUE
19 octobre 1216 : mort du roi Jean sans Terre
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Publié le mardi 16 octobre 2012, par Redaction
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Jean sans Terre, roi d’Angleterre, quatrième fils du roi Henri II, avait usurpé la couronne en 1199, sur Artus de Bretagne, son neveu, à qui elle appartenait.

Jean sans Terre, roi d'Angleterre

Jean sans Terre, roi d’Angleterre

Ce prince ayant voulu recouvrer son héritage, fut pris dans un combat, et enfermé dans la tour de Rouen, où l’on dit que Jean le poignarda de sa main. Constance, mère du jeune prince, demanda justice à Philippe-Auguste de ce meurtre commis dans ses terres et sur la personne de son vassal.

L’accusé ajourné à la cour des pairs, ayant refusé de comparaître, fut condamné à mort, et toutes ses terres situées en France furent confisquées au profit du roi. Philippe se mit bientôt en devoir de profiter du crime du roi son vassal. Jean, endormi dans la mollesse et dans les plaisirs, se laissa prendre la Normandie, la Guyenne et le Poitou, et se retira en Angleterre, où il était haï et méprisé.

Pour comble de malheurs, il se brouilla avec le pape Innocent III, qui mit toute l’Angleterre en interdit, et défendit à tous les sujets de Jean de lui obéir. Il ne sortit de l’abîme où les foudres du Vatican l’avaient jeté, qu’en soumettant sa personne et sa couronne au Saint-Siège, par un acte accompagné de la cérémonie la plus humiliante. Les Anglais profitèrent de sa faiblesse pour lui faire signer la grande charte, regardée comme le premier fondement de leur liberté. Les articles principaux sont ceux-ci :

« Le roi n’imposera aucune taxe sans le consentement d’une assemblée de la nation.

« On ne fera le procès à personne que d’une manière légale.

« Nul homme libre ne sera emprisonné, banni, que par le jugement de ses pairs.

« Tous les hommes libres peuvent sortir du royaume et y rentrer.

« Londres et les autres villes et bourgs conserveront leurs anciennes franchises.

« Tout homme libre disposera de ses biens à sa volonté, et ses héritiers naturels lui succéderont, s’il meurt sans testament.

« Les officiers de la couronne ne pourront prendre ni voiture,. ni chevaux, ni bois, malgré les propriétaires.

« Les amendes seront proportionnées aux délits, et n’iront jamais jusqu’à la ruine entière du coupable.

« Un vilain ou paysan, s’il est mis à l’amende, ne pourra être dépouillé de ses instruments de labourage. »

Les barons ayant mis ce rempart devant la liberté de la nation, s’emparèrent de l’autorité royale. Ils appelèrent Louis, fils du même Philippe, et le couronnèrent à Londres ; Jean en conçut un si grand désespoir, que si l’on en croit Mathieu Paris, il fut prêt à suivre Miramolin, roi des Sarrasins, et à se faire mahométan, s’il le délivrait de ses ennemis. Ce projet ne doit point surprendre dans un prince qui disait, selon de Montigny, « que depuis qu’il s’était réconcilié avec Dieu et avec le pape, il n’avait essuyé que des disgrâces. »

Enfin, après avoir erré de ville en ville, il essuya un nouveau malheur qui hâta sa mort. Au passage de l’Ouash, près de Lyn, dans la province de Norfolk, ses joyaux et sa caisse militaire furent engloutis dans un gouffre. Il prit si fort à cœur cet accident, qu’une intempérance de table (un excès de pêches), se joignant le soir même à son chagrin, il fut saisi d’une fièvre violente qui l’emporta dans quelques heures.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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