LA FRANCE PITTORESQUE
3 octobre 1569 : bataille de Moncontour
opposant catholiques et protestants
(D’après « Victoires, conquêtes, revers et guerres civiles des Français
depuis les Gaulois jusqu’en 1792 » (Tome 6), paru en 1823)
Publié le mardi 3 octobre 2023, par Redaction
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Se déroulant durant la Troisième guerre de Religion, la bataille de Moncontour, qui opposa l’armée royale de Charles IX commandée par Henri, duc d’Anjou (futur roi Henri III), à l’armée protestante commandée par l’amiral Gaspard de Coligny, fut la dernière des quatre grandes batailles livrées sous le règne du monarque, après celles de Dreux le 19 décembre 1562 (au cours de la Première guerre), de Saint-Denis le 10 novembre 1567 (au cours de la Deuxième guerre), et de Jarnac le 13 mars 1569 (au cours de la Troisième guerre), toutes remportées par les catholiques.

La cour, désespérant de trouver la paix dans de nouvelles négociations, et connaissant d’ailleurs le mécontentement des troupes allemandes, qui depuis plusieurs mois ne recevaient plus de solde du conseil calviniste, résolut de tenter encore les chances d’une bataille. Le duc d’Anjou rassembla, à cet effet, l’armée royale près de Chinon. Cette armée était forte de dix-huit mille fantassins et de sept mille chevaux ; celle des calvinistes n’était que de douze mille d’infanterie et six mille de cavalerie.

Henri, duc d'Anjou, en 1570. D'après Jean Decourt

Henri, duc d’Anjou, en 1570. D’après Jean Decourt

Inférieur en forces, l’amiral de Coligny ne voulait pas le combat ; mais les Allemands, qui demandaient impérieusement leur solde, le forcèrent à en venir aux mains. Leur indiscipline n’était pas même contenue par la présence de l’ennemi. Bientôt elle se communiqua au reste de l’armée ; gentilshommes, fantassins, valets d’armée, tous montrèrent le plus impétueux désir de combattre.

Ce fut comme dans un mouvement de sédition que l’armée calviniste vint se précipiter au-devant de l’armée catholique. L’action s’engagea dans la vaste plaine de Moncontour, et, dès le premier moment, les protestants portèrent la peine de leur ardeur inconsidérée ; ils combattaient des hommes qu’excitait le souvenir des batailles de Dreux, de Saint Denis et de Jarnac. La ligne calviniste fut débordée, enfoncée, des corps entiers taillés en pièces. Mêlés tumultueusement avec leurs valets, qui donnent le signal de la fuite, les gentilshommes calvinistes n’entendent plus la voix d’aucun de leurs chefs ; Coligny lui-même n’est plus pour eux qu’un soldat qui combat pour l’honneur.

Un officier catholique, d’un coup de pistolet, casse quatre dents à l’amiral ; celui-ci l’étend mort sur la place ; mais le sang l’étouffait, il fallut l’emporter du champ de bataille. Le comte Louis de Nassau, frère de Guillaume, prince d’Orange, qui commandait l’aile droite des calvinistes, fit en vain des prodiges de valeur.

Gaspard de Coligny en 1565. Peinture de Marc Duval

Gaspard de Coligny en 1565. Peinture de Marc Duval

En moins d’une heure, l’armée protestante fut complètement défaite, avec perte de sept mille hommes, toute son artillerie, un grand nombre d’enseignes, et la presque totalité de ses bagages. La perte des catholiques ne s’éleva pas à plus de cinq cents hommes. Le duc d’Anjou, qui devait aux savantes dispositions du maréchal Gaspard de Saulx-Tavannes le succès de cette journée, y développa un grand sang froid et une valeur brillante.

Les Mémoires de Tavannes nous apprennent que « les princes et le reste de l’armée huguenote se sauvent par de là la Charente. Châtellerault, Niort, Fontenay, Saint-Maixant, Partenay et Lusignan, suivent la fortune des victorieux, qui, enivrés de leur bonheur, tombent en différents avis : les uns d’attaquer les places ; le sieur de Tavannes opinait, au contraire, de suivre l’amiral et ses reîtres par toute la France, les rendre dans une place et les assiéger ; qu’en cette poursuite les reîtres capituleraient, et que la guerre serait promptement finie. »

Ce conseil ne fut pas adopté ; on ne poursuivit l’armée vaincue que jusqu’à deux lieues du champ de bataille. Il est probable que, si l’avis de Tavannes eût prévalu, l’amiral eût été réduit aux dernières extrémités. Un ordre du roi Charles IX, jaloux des succès obtenus sous le nom de son frère Henri, duc d’Anjou, empêcha de profiter de la victoire.

La bataille de Montcontour fit tomber entre les mains des catholiques les chariots, les vivres, l’artillerie et les drapeaux des protestants. Parmi les officiers tués, on remarquait Puy Greffier et d’Autricourt ; Lanoue et d’Acier furent faits prisonniers. La perte fut beaucoup moins grande du côté des catholiques : ils perdirent entre autres chefs distingués, le marquis de Bade ; Guise, Schombert et Bassompierre furent blessés. Le duc d’Anjou envoya à Tours le comte de Retz pour annoncer au roi cette grande victoire. Elle fut célébrée, comme la bataille de Jarnac, dans tout le royaume et par les princes alliés de la France.

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