LA FRANCE PITTORESQUE
30 septembre 1791 : discours de Bailly,
premier maire de Paris, pour la
clôture de l’Assemblée Constituante
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Publié le lundi 28 septembre 2015, par Redaction
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Ce discours fut prononcé pour la clôture de l’Assemblée Constituante, laquelle devait laisser place le lendemain à l’Assemblée législative :

« La ville de Paris vient, pour la dernière fois, offrir ses hommages aux premiers représentants d’une nation puissante et libre. Vous avez été armés du plus grand pouvoir dont les hommes puissent être revêtus. Vous avez fait les destinées de tous les Français ; mais aujourd’hui ce pouvoir expire ; encore un jour, et vous ne serez plus. On vous regrettera sans intérêt ; ou vous louera sans flatterie ; et ce n’est pas nous, ni nos neveux, ce sont les faits qui vous loueront.

« Que de jours mémorables vous laissez au souvenir des hommes ! Quels jours que ceux où vous avez constitué la première représentation du peuple français ; où vous avez voté d’avance la constitution qui était encore et dans l’avenir et dans votre génie ; où votre autorité naissante, mais déjà forte, comme celle d’un grand peuple, a maintenu vos premiers décrets ; ceux où la ville de Paris a appuyé votre sagesse de son courage, où un roi chéri a été rendu à une nation sensible, et ce jour à jamais célèbre où vous dépouillant de vos titres et de vos biens, vous avez essayé sur vous-mêmes les sacrifices que l’intérêt public imposait à tous les Français.

Jean-Sylvain Bailly

Jean-Sylvain Bailly

« C’est à travers les alternatives et des inquiétudes et de la joie, et des triomphes et des orages, que votre sagesse a dicté ses décrets, qu’elle a établi les droits du peuple, marqué les formes d’une représentation libre, proclamé la monarchie déjà consacrée par les siècles, et de nouveau sanctionnée par le vœu général ; et que cette sagesse, en renonçant solennellement aux conquêtes, nous a fait des amis de tous les peuples.

« Mais le plus beau de tous les moments, le plus cher à nos cœurs, est celui où une voix s’est fait entendre et a dit : La constitution est achevée ; où une autre voix a ajouté : Elle est acceptée par le roi. Alors cette union du prince et de la nation a posé autour de nous les bases de la paix, du bonheur et de la prospérité publique.

« Législateurs de la France, nous vous annonçons les bénédictions de la postérité qui commence aujourd’hui. En entrant dans la foule des citoyens, en disparaissant de devant nos yeux, vous allez dans l’opinion des hommes vous joindre et vous mêler aux législateurs des nations, qui en ont fait le bonheur, et qui ont mérité la vénération des siècles. Nos regrets vous suivront, comme notre admiration et nos respects. Vous avez honoré cette ville de votre présence ; c’est dans son sein qu’ont été créées les destinées de l’empire. Quand nous parlerons de votre gloire, nous dirons : Elle a été acquise ici. Quand nous parlerons du bien que vous avez fait, nous dirons : Ils ont été nos amis. Et vous aussi, Messieurs, vous vous souviendrez de la ville de Paris ; vous direz que, la première, elle a adhéré à vos décrets, et que, malgré les troubles dont-elle a été agitée, toujours l’appui de la constitution et du trône, elle sera toujours fidèle à la nation, à la loi et au roi. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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