LA FRANCE PITTORESQUE
27 septembre 1808 : entrevue de
l’empereur Napoléon et de
l’empereur Alexandre à Erfurt
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Publié le lundi 24 septembre 2012, par Redaction
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L’entrevue de Tilsitt avait eu lieu l’année précédente : en se séparant, les deux empereurs s’étaient promis de ne pas laisser écouler l’année suivante sans se revoir. La situation de l’Espagne, qui se levait en masse contre le roi Joseph, et proclamait Ferdinand, le débarquement d’une armée anglaise dans la Péninsule, les formidables armements de l’Autriche, imposaient à Napoléon la nécessité de raffermir, de renouveler son alliance avec le tsar : l’entrevue d’Erfurt fut convenue.

Napoléon y arriva le premier, et alla au-devant d’Alexandre, arrivé à Weimar depuis deux jours. Napoléon était à Erfurt comme chez lui ; à la tête des princes de la confédération, auxquels il avait imposé sa protection, sur la frontière du royaume de Prusse, qu’il avait réduit à la condition d’un grand fief, il n’était pas moins l’empereur des Allemands que celui des Français.

Entrevue d'Erfurt. Peinture de Nicolas Gosse

Entrevue d’Erfurt. Peinture de Nicolas Gosse

Dans la foule de vassaux couronnés qui entouraient le nouveau Charlemagne, deux souverains seulement n’avaient point été appelés, le roi de Prusse et l’empereur d’Autriche. Une pompe extraordinaire solennisa la réunion des deux princes, qui semblaient vouloir se partager l’empire du continent. Dans les fêtes prodiguées au vainqueur d’Austerlitz et d’Iena, la flatterie n’épargna pas les souvenirs, qui ne pouvaient avoir de charmes que pour lui. Un théâtre français avait été établi à Erfurt : à l’une des représentations d’Œdipe, au moment où Philoctète, en parlant d’Hercule, prononce ce vers : « L’amitié d’un grand homme est un bienfait des dieux. »

Je l’éprouve tous les jours, dit Alexandre, en serrant fortement la main de Napoléon. Ces mots retentirent bientôt dans toute l’Europe. Les deux empereurs écrivirent une lettre au roi d’Angleterre pour l’inviter à admettre une négociation de paix. Dans la prévision de son refus, ils avaient résolu de détacher entièrement l’Amérique de l’influence anglaise : on assure même qu’ils convinrent d’aller ensemble par la Turquie et la Perse ravir à l’Angleterre le sceptre de l’Inde. L’empereur d’Autriche avait protesté dans une lettre de ses intentions pacifiques.

Ainsi Napoléon, sur la foi des engagements d’Erfurt, se crut maître de se livrer sans distraction à la guerre qui l’attendait en Espagne. Le 14 octobre, Alexandre et Napoléon se séparèrent pour ne plus se revoir, Napoléon avait donné son épée à Alexandre, et en même temps une autre très riche à Constantin : en recevant celle de Napoléon, Alexandre lui avait dit : « Je l’accepte comme une marque de votre amitié : V. M. est certaine que je ne la tirerai jamais contre elle. » Qui pouvait prévoir alors la campagne de Moscou ?

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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