LA FRANCE PITTORESQUE
Divination par les grains de beauté :
curieuse application de la
science divinatoire ?
(D’après « Le Journal amusant », paru en 1909)
Publié le mardi 2 décembre 2014, par Redaction
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En 1909, le chroniqueur d’un journal humoristique aborde avec toute la malice due au sujet la divination par les grains de beauté. La science divinatoire, comme toutes les autres sciences, d’ailleurs, étend chaque jour son domaine, explique-t-il.
 

Voici maintenant qu’elle peut, dans une certaine mesure, définir le caractère et prévoir, parfois, l’avenir d’une personne par le seul examen de ses grains de beauté !

Un monsieur communique à la presse quelques-unes des règles établies par lui « à la suite d’observations longues et minutieuses ». Ecoutons ce minutieux observateur.

Quand une dame a un grain de beauté sur l’estomac, soyez certain qu’elle aime la bonne chère et même qu’elle est gourmande. Sur les reins, le grain de beauté est un fâcheux présage ; il signifie « infortune » – à moins qu’il ne soit double, car, alors, il annonce « réelle richesse à quarante ans ». Sur un beau front – étoile noire sur un ciel de lait – le grain pronostique « opulence, hautes dignités ». (Et avec ça, madame ?)

Placé sous le bras, il indique que la dame ou la demoiselle possède ou possédera un mari excellent, qu’elle mettra, lui aussi, sous son bras. Un grain de beauté sur l’épaule, mauvaise affaire : c’est pour l’infortunée qui le porte « réclusion, captivité » avec un mari tyrannique et jaloux comme ses pieds. Deux grains de beauté sur la même épaule, c’est encore réclusion, mais volontaire : le couvent, par exemple... Mais deux grains de beauté symétriques, c’est, au contraire, du nanan : « Vie heureuse à la campagne. »

Sur le sein droit, le grain se traduit : « Honneur acquis par des talents », il attire sur l’autre sein le ruban violet, voire le rouge. Sous le sein droit, il dit « bonheur dans une douce aisance » ; sous le sein gauche « caractère et destinée maussades » ; sur le cœur « malice » ; sur...

Mais souffrez que j’interrompe ici, par pudeur, mes révélations. Les lectrices qui souhaiteraient dès éclaircissements complémentaires n’ont qu’à m’écrire aux bureaux du journal (timbre pour réponse). Je dois ajouter que l’examen direct est infiniment préférable aux explications échangées par correspondance et que le mieux est de me fixer un rendez-vous pour que je puisse me rendre compte de visu (envoyer photo, avant tout).

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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