LA FRANCE PITTORESQUE
Napoléon et l’ail
(D’après les Mémoires du chancelier Pasquier)
Publié le dimanche 9 octobre 2011, par LA RÉDACTION
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Napoléon Ier eut toujours pour l’ail une grande répugnance, car il lui causait des douleurs d’estomac. Croirait-on que l’insuccès de sa campagne en 1812 est dû, en partie, à un ragoût assaisonné d’ail qu’il mangea fort mal à propos ?
 

Cela semble semble paradoxal ; cependant le fait nous est rapporté par le chancelier Pasquier (Mémoires, tome II, p. 85), et il le tenait lui-même de la bouche de Daru, aide de camp de l’empereur.

Napoléon et le petit messager Peinture de Joseph Louis Hippolyte Bellange

Napoléon et le petit messager
Peinture de Joseph Louis Hippolyte Bellange

C’était au lendemain de cette bataille de Dresde (26, 27 août 1813), où Napoléon avait porté à la coalition de l’Europe un coup si terrible. Séparés de leurs alliés, poursuivis par Vandamme, les Autrichiens fuyaient en désordre vers la Bohême. Pour achever sa victoire, Napoléon résolut de soutenir Vandamme et d’écraser totalement l’armée de Bohême.

Au milieu de sa marche, il se sent pris de douleurs d’estomac tellement violentes qu’il lui est impossible d’aller plus loin et qu’il se fait ramener en arrière. Il se croit alors empoisonné, et, s’abandonnant à son destin, il reste quelque temps dans l’inertie la plus complète. Mais bientôt on découvre l’explication de ce mal étrange : ce n’était qu’une indigestion causée par un ragoût dans lequel on avait mis de l’ail.

Napoléon en 1803 (Premier Consul) Peinture de François Baron Gérard

Napoléon en 1803 (Premier Consul)
Peinture de François Baron Gérard

Cependant Vandamme, se croyant soutenu, s’était engagé imprudemment dans les défilés de la Bohême, et se laissait surprendre à Kulm (30 août). De ce fait, la victoire de Dresde restait sans résultat. « Et voilà, disait Napoléon à Daru en lui racontant cette histoire, à quoi tiennent les plus grands événements ! Ceci sera peut-être irréparable. »

Napoléon ne croyait pas dire si vrai. Il est, en effet, certain que si Napoléon avait continué sa marche derrière Vandamme, c’en était fait de l’armée de Bohême. D’autre part, la coalition privée de l’appui des Autrichiens était irrémédiablement condamnée, à la défaite ; et peut-être un nouvel Austerlitz aurait-il couronné la campagne. Par conséquent, pas de campagne de France, pas d’abdication, pas de Waterloo, pas de Sainte-Hélène.

Et voilà comment un méchant ragoût assaisonné d’ail fut une des causes de la chute de Napoléon Ier. Petites causes, grands effets.

NOTA. La plupart des mémorialistes consignent le fait d’une « indisposition » de Napoléon Ier après la bataille de Dresde (Marbot, Mémoires, t. III, p. 275), l’empereur ayant eu alors la conviction d’être empoisonné.

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