LA FRANCE PITTORESQUE
17 août 1661 : première représentation
des Fâcheux, comédie de Molière
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Publié le mardi 16 août 2016, par Redaction
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Mazarin n’était plus (9 mars 1661), et le surintendant Fouquet aspirait à la succession politique de ce ministre. Pour l’emporter sur ses compétiteurs, il voulut profiter de l’avantage que lui donnait son immense fortune, et il conçut l’idée de cette fête de Vaux, dont l’éclat devait fasciner les yeux du jeune Louis XIV.

Frontispice des Fâcheux

Frontispice des Fâcheux

A sa prière, Molière devait composer une comédie qui comportât de nombreux divertissements et servît à réunir les prestiges de tous les arts. Les Fâcheux furent faits, appris et représentés en quinze jours. Beauchamp se chargea des ballets ; Lebrun peignit les décorations : Torelli les mit en mouvement, et Pélisson composa le prologue, que débita la Béjart, sous le costume d’une Naïade. L’ouvrage obtint un succès complet, malgré la nouveauté du genre.

Craignant de manquer de temps, Molière avait confié à Chapelle la scène du pédant Caritidès. Les envieux du grand poète ne manquèrent pas d’attribuer au rimeur épicurien tout le mérite de l’œuvre. Celui-ci ne s’en défendit que faiblement. Alors Boileau reçut du véritable auteur la mission de dire à Chapelle que, s’il ne démentait pas promptement les bruits que l’on répandait, Molière se verrait forcé de montrer, à qui la voudrait voir, la scène que Chapelle lui avait apportée et qu’il avait été obligé de refaire entièrement. Après la représentation, le roi dit à Molière, en voyant passer M. de Soyecourt, son grand veneur : Voilà un original que vous n’avez point encore copié.

En moins de vingt-quatre heures, la scène du chasseur fut faite et apprise. Ce qu’il y eut de plus piquant, c’est que Molière, qui n’avait aucune notion des termes de chasse, s’adressa à M. de Soyecourt lui-même, et que ce dernier l’initia complaisamment aux termes de son art. Le 7 août suivant, la pièce ayant été rejouée à Fontainebleau, Louis XIV eut le plaisir d’y trouver le rôle dont il avait fourni l’idée.

Du reste, les combinaisons fastueuses du surintendant tournèrent contre lui-même. Peu s’en fallut qu’on ne l’arrêtât au milieu de la fête. Pour avoir été différée de quelques jours, la disgrâce n’en fut que plus terrible.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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