LA FRANCE PITTORESQUE
12 août 1800 : mort de la salonnière Anne-Catherine Helvétius
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Publié le samedi 11 août 2012, par Redaction
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Lorsque le philosophe et poète Claude-Adrien Helvétius résolut de quitter le monde, pour vivre loin de Paris, dans la solitude, et composer à loisir l’ouvrage qui devait lui attirer tant d’éloges et de critiques, il songea à se choisir une compagne digne de lui, et mademoiselle de Ligniville, en épousant un homme qui mettait tant d’ardeur à quitter une carrière honorable et lucrative, donna la mesure de ce qu’on pouvait attendre d’elle dans la mauvaise fortune.

Anne-Catherine Helvétius

Anne-Catherine Helvétius

Née le 23 juillet 1722 à Nancy, elle était issue d’une des plus anciennes familles de Lorraine, et fut élevée par madame de Graffigny, sa tante. Ses belles années furent presque entièrement consacrées à la bienfaisance. Visiter et soulager les malheureux était la plus chère de ses occupations. Après la mort de son mari, qu’elle aimait passionnément, elle se retira à Auteuil, dans une petite maison, où elle continuait de recevoir ses amis, l’élite de la haute société, et des hommes les plus distingués dans les lettres et dans les sciences. On a dit que Turgot et Franklin avaient voulu l’épouser.

Tous se sont accordés à vanter son esprit sans affectation, la simplicité de ses goûts, et le peu de vanité qu’elle tirait de sa haute naissance. Elle cherchait toujours à établir la plus parfaite égalité parmi ceux qui la visitaient. Le mot célèbre qu’elle adressait à celui qui eût voulu conquérir l’univers, la peint mieux que tous les panégyriques : Vous ne savez pas, dit-elle un jour au vainqueur de l’Egypte, combien on peut trouver de bonheur dans trois arpents de terre !

Sa bienfaisance aimable, son ingénieuse générosité s’exercèrent même au-delà du terme de sa vie : elle légua la jouissance de sa maison à Lefebvre de La Roche et à Cabanis, qui demeuraient chez elle. Elle n’oublia, dans son testament, aucun de ses amis qu’avait oubliés la fortune. D’après sa volonté, elle fut inhumée dans son jardin d’Auteuil. Elle ne laissait pas de postérité ; mais il suffisait de ses vertus pures et touchante pour perpétuer son souvenir.

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