LA FRANCE PITTORESQUE
29 juillet 1708 : mort du concepteur de
la machine de Marly Rennequin Sualem
(D’après « Biographie universelle, ancienne
et moderne » (Tome 37), paru en 1824)
Publié le lundi 25 juillet 2016, par Redaction
Imprimer cet article

Né à Liège le 29 janvier 1645, Rennequin Sualem était fils d’un charpentier, et suivit la profession de son père. L’exercice pratique de son art fut, à peu de chose près, tout ce que son éducation lui fit acquérir.

Le professeur Frédéric Weidler, qui a vécu de son temps, qui a visité et décrit sa machine, peu de temps après sa mort, et qui s’est trouvé en relation avec ses collaborateurs, amis et parents, dit de lui qu’il était analphabète. Mais si Rennequin ne savait pas ou savait à peine lire, il était doué d’une intelligence peu commune ; et on l’avait, dès sa tendre jeunesse, constamment employé aux charpentes des machines en usage pour les épuisements des eaux souterraines qui gênent l’exploitation des houillères, des tourbières et des mines de charbon fossile, parties importantes des produits du territoire liégeois.

Rennequin Sualem. Peinture attribuée à Charles Le Brun

Rennequin Sualem. Peinture attribuée à Charles Le Brun

Lorsque Louis XIV eut fait bâtir le château de Versailles, il donna ordre à Colbert d’aviser aux moyens de pourvoir cette demeure royale de l’eau qui lui manquait. On trouva bien, dans les environs de Versailles, pour fournir aux embellissements des jardins, des eaux supérieures, propres à remplir l’objet particulier de décoration qu’on avait en vue. Les hommes les plus habiles du temps dans la science du nivellement et de la conduite des eaux furent employés au projet et à l’exécution d’un vaste système d’emmagasinement et de conduite d’eaux. Mais ces eaux, qu’un désigne par l’épithète de blanches, considérées relativement à l’hygiène, étaient d’une mauvaise qualité ; et il fallait, pour suppléer à ce défaut, se procurer de l’eau potable par l’établissement d’un second système hydraulique.

Les renseignements pris par Colbert, d’après les ordres du roi, le déterminèrent à s’adresser au chevalier Deville, Liégeois, propriétaire, dans son pays natal, du château de Modave, où Rennequin Sualem lui avait fabriqué une machine à élever l’eau, du même genre que celle de Marly, et dont on dit qu’il reste encore des vestiges. Deville et Rennequin Sualem vinrent ensemble à Paris. Des examens et des opérations préliminaires avaient fait décider que les eaux potables de Versailles seraient fournies par la Seine, et que la prise d’eau serait établie dans le voisinage de Bougival, un peu au-dessous du hameau de La Chaussée et vis-à-vis Louveciennes.

Il restait à trouver les moyens de faire franchir au fluide le seuil établi par la nature, entre les points de dérivation et d’affluence. Le projet de mécanisme fut présenté au ministre ; et, pour avoir des données certaines sur la puissance motrice, on exécuta devant le roi, au château de Saint-Germain, un essai en grand de l’effet dont est capable une roue hydraulique, mue par le courant de la Seine, pour élever l’eau prise dans le lit même du fleuve. Le produit obtenu sur la terrasse qui est en face du château, admiré par le roi et par les autres témoins de l’expérience, ne laissa aucun doute sur le succès de la vaste entreprise commencée, en 1675, sous le ministère de Colbert, et terminée en 1682, sous celui de Louvois.

La machine de Marly

La machine de Marly

On a mis en question de savoir si la gloire de la conception et de la composition du projet de la machine de Marly appartenait à Deville ou à Rennequin. Un portrait du premier, qui a été gravé, porte une inscription qui lui attribue l’invention ; mais il est hors de doute qu’il a été seulement le promoteur, le négociateur de l’entreprise auprès du ministère et de la cour. Weidler, qui a recueilli, à cet égard, les renseignements les plus authentiques, donnés par les contemporains et les coopérateurs de Rennequin, l’affirme.

Le marbre qui recouvrait la tombe de Rennequin Sualem,déplacé pendant la Révolution, porte une inscription dont voici les premiers mots : « Ci gissent honorables personnes, sieur Rennequin Sualem, seul inventeur de la machine de Marly, décédé le 29 juillet 1708, âgé de soixante-quatre ans, et dame Marie Rouelle, son épouse, décédée le 4 mai 1714, âgée de quatre-vingt-quatre ans, etc. » Le surplus de l’inscription renferme des fondations pieuses. On peut réunir, à ces diverses autorités, la conduite du gouvernement envers la famille de Rennequin, laquelle n’annonce pas qu’on le regardât comme un simple entrepreneur.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE