LA FRANCE PITTORESQUE
22 juillet 1826 : mort de
l’astronome Giuseppe Piazzi
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Publié le jeudi 19 juillet 2012, par Redaction
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Pour rendre son nom populaire dans une science qui compte si peu d’initiés, il y a deux conditions à remplir, de grands travaux et d’importantes découvertes ; c’est à ce prix que Piazzi acheta l’honneur de faire partie des Académies de Naples, Turin, Goëttingue, Berlin, Pétersbourg, Paris, Londres, Milan, et de vingt autres sociétés savantes, qui se disputèrent la gloire de le compter au nombre de leurs membres.

Né à Ponte, dans la Valteline, le 16 juillet 1746, Joseph Piazzi prit l’habit des Théatins dans le couvent de Saint-Antoine, à Milan, où il acheva son noviciat. Après avoir fait d’excellentes études sous les maîtres les plus célèbres de Milan, Turin et Rome, il se destina à l’enseignement et professa tour à tour la philosophie, les mathématiques, la théologie, quelquefois plusieurs de ces sciences en même temps, et toujours avec un talent égal ; tolérant et éclairé, il propageait partout l’amour de l’étude et des lettres ; cette disposition d’esprit l’opposa aux jésuites et il encourut les foudres de la Sainte-Inquisition.

S’étant livré à quelques observations astronomiques, son imagination lui fit embrasser avec ardeur l’art de découvrir les secrets du monde céleste. Ayant obtenu du vice-roi de la Sicile de faire transformer en observatoire une ancienne tour du palais royal de Palerme, il alla en France et en Angleterre acquérir lui-même des instruments précieux ; dans ce voyage il se lia avec l’élite des savants anglais et français. Pendant ces courses scientifiques, il faisait des expériences, vérifiait des observations, ou s’associait aux entreprises des savants européens qu’il rencontrait.

Convaincu de l’incertitude dans laquelle tous les quarts de cercle laissaient l’esprit d’un observateur, Piazzi engagea Ramsden à lui construire un cercle vertical de cinq pieds de diamètre, accompagné d’un azimutal ; il se rendait tous les jours dans l’atelier du célèbre artiste, pour en presser les travaux ; mais mécontent de ses lenteurs, il imagina de stimuler son amour-propre en publiant une lettre adressée à Lalande, sur la vie et les ouvrages de Ramsden. Cette ruse lui réussit : il obtint bientôt son grand cercle et même quelques instruments moins importants.

Le ministère anglais, toujours égoïste et jaloux, voulut s’opposer à l’exportation du grand cercle en l’assimilant aux découvertes frappées des droits prohibitifs. Mais Ramsden déclara que si c’était une nouvelle invention, la gloire en était due à Piazzi, dont il n’avait fait qu’exécuter les idées. Cette protestation imposa silence aux ministres, qui permirent à Piazzi d’emporter ses instruments.

L’infatigable astronome se hâta de rentrer en Sicile, pour y mettre en activité son nouvel observatoire. Nous n’entreprendrons pas de retracer ici le tableau exact des nombreux et utiles travaux de Piazzi : nous ne dirons pas comment il fut amené à donner un catalogue de 6748 étoiles, qui excita l’admiration de tous les astronomes contemporains, et fut couronné par l’Institut de France ; comment il en publia plus tard un second contenant 7646 étoiles ; ni dans quelles circonstances il fit plusieurs mémoires, qui méritent encore l’admiration des savants les plus éclairés.

Au milieu de ses laborieuses recherches, il découvrit cette neuvième planète, qu’il nomma Cérès-Ferdinandea, en l’honneur de la déesse de la Sicile et de son roi régnant, et qui, suivant Lalande, aurait dû s’appeler Piazzi. Le monarque, pour récompenser le savant qui venait d’inscrire son nom dans le ciel, voulut lui faire frapper une médaille d’or ; mais Piazzi, philosophe modeste autant qu’artiste passionné, demanda que le prix de ce présent fût employé à l’achat d’un équatorial, qui manquait à son observatoire.

Malgré l’âge, les fatigues, et une fièvre qui le mina pendant quatre ans, Piazzi rendit encore de nombreux services à la science qu’il aimait tant, et à la patrie qu’il avait adoptée : un code métrique pour établir l’uniformité des poids et mesures en Sicile ; la nouvelle division territoriale de la Sicile, sous le régime constitutionnel ; des observations sur la comète de 1811 ; la fondation de l’observatoire de Capo-di-Monte ; la propagation de l’instruction, et l’organisation de plusieurs collèges ; un grand nombre de mémoires, relations ou observations ; tels sont les précieux résultats d’une si longue et si laborieuse carrière.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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