LA FRANCE PITTORESQUE
Il ne faut pas mettre le doigt
entre l’arbre et l’écorce
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Publié le vendredi 26 janvier 2018, par Redaction
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Ne pas intervenir dans les querelles de personnes, en apparence bien unies
 

Le motif qui fait que deux personnes se disputent momentanément ne peut durer, le différend n’étant que passager, si celles-ci sont, en général, bien unies. Divisées par des circonstances fortuites, elles doivent se rapprocher évidemment, au détriment d’un conciliateur indiscret.

Dans sa pièce du Médecin malgré lui, Molière (1666) met en scène un personnage qui croit devoir intervenir dans une querelle entre un mari et sa femme. Mal lui en prend, parce que c’est sur lui que tombent les coups du ménage réconcilié. Voici les paroles que l’auteur fait dire à Sganarelle : « Vous êtes un impertinent de vous ingérer dans les affaires d’autrui. Apprenez que Cicéron dit : Qu’entre l’arbre et l’écorce il ne faut pas mettre le doigt. »

Il ne faut pas mettre le doigt entre l'arbre et l'écorce
Il ne faut pas mettre le doigt entre l’arbre et l’écorce. © Crédit illustration : Araghorn

Ce conseil s’adresse aux gens qui aiment à se mêler de tout et même souvent beaucoup moins de leurs affaires que de celles des autres. Il s’applique aussi aux imprudents qui veulent intervenir dans les querelles de ménage et qui ne font que se rendre désagréables aux deux parties. Un proverbe turc dit : Ne te mets pas entre l’ongle et la chair.

L’origine de ce proverbe est tirée probablement de l’anecdote suivante qui est puisée dans l’histoire ancienne. « Milon de Crotone était un athlète fort célèbre par sa force extraordinaire. Quoiqu’il eût cessé depuis longtemps déjà de concourir dans les jeux publics, il voulut, un jour, bien qu’il eût atteint un âge avancé, éprouver s’il lui restait encore quelque force. Il traversait tout seul une forêt ; près de sa route se trouvait un chêne fendu déjà de plusieurs côtés. Il mit ses doigts dans les fentes et essaya de séparer l’arbre en deux parties.

« Il commença bien à écarter les fentes jusqu’au centre et se reposa un moment de ses efforts tout en laissant ses mains dans l’ouverture. Mais, sans qu’il s’en doutât, les deux parties de l’arbre se rejoignirent et retinrent si fortement les mains de l’athlète, qu’il ne put se dégager. Les bêtes féroces de la forêt le mirent en pièces. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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