LA FRANCE PITTORESQUE
Courir comme un dératé
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Publié le lundi 21 novembre 2011, par Redaction
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C’est courir de toute la force de ses jambes
 

Il est reconnu que lorsqu’on court très vite, on souffre de la rate, parce qu’elle se gonfle et rend aussi la respiration difficile, quelquefois même douloureuse.

C’est pour parer à cet inconvénient naturel que les jeunes gens qui veulent courir un certain temps, se serrent le corps avec une ceinture pour comprimer ce viscère et éviter d’en être incommodés.

Les anciens reconnurent cette incommodité, car Pline raconte que, de son temps, l’on brûlait la rate aux coureurs sans toutefois donner les moyens employés pour arriver à faire celle opération. Chez nous, c’était une croyance populaire et fort ancienne que, pour rendre quelqu’un agile et leste, il fallait lui enlever la rate.

Telle était la croyance générale dont la rate était l’objet, croyance fortifiée par des expériences pratiquées sur quelques chiens par des chirurgiens qui, vers la fin du XVIIe siècle, créèrent le mot dérater, qu’ils mirent en usage pour signifier tirer la rate du corps. Des gens, imbus de cette pensée que cette extraction rendait une personne plus agile et plus leste, s’emparèrent de ce nouveau terme et dirent de celui qui se montrait supérieur à la course, qu’il courait comme un dératé, phrase passée depuis longtemps à l’état de proverbe.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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