LA FRANCE PITTORESQUE
C’est la mer à boire
()
Publié le vendredi 6 octobre 2023, par Redaction
Imprimer cet article
Locution employée pour indiquer qu’une chose est impossible à faire ou tout au moins présente de très grandes difficultés
 

Les Anciens avaient coutume de se proposer des questions embarrassantes et ils mettaient beaucoup d’honneur à les résoudre. Amasis, roi d’Egypte, à qui le roi d’Éthiopie avait proposé de boire la mer, consulta le philosophe grec Bias, qui lui donna ce conseil : « Dites au roi d’Éthiopie que vous boirez la mer quand il aura détourné les fleuves qui s’y jettent. » Cet expédient tira Amasis d’affaire.

La Fontaine, dans la vie du fabuliste Ésope, dit que celui-ci se servit du même expédient pour sortir d’embarras le philosophe grec Xanthus. « Un jour, ce philosophe, dont Esope était l’esclave, but jusqu’à perdre la raison et se vanta, sous l’empire de l’ivresse, de boire la mer. Ceux qui entendirent ce propos se mirent à rire ; Xanthus soutint son dire et même engagea sa maison ; puis, pour donner plus de valeur à son pari, il retira son anneau et le déposa comme gage.

Un philosophe grec se vante de boire la mer
Un philosophe grec se vante de boire la mer. © Crédit illustration : Araghorn

« Le lendemain, les vapeurs du vin étant dissipées, il fut extrêmement surpris de ne pas voir son anneau. Esope lui dit qu’il était perdu pour lui, ainsi que sa maison, par suite du pari qu’il avait fait. Le philosophe Xanthus alarmé pria Esope de le tirer de ce mauvais pas. Voici comment il s’y prit :

Lorsque le jour assigné pour l’exécution du pari fut arrivé, tout le peuple de Samos accourut sur le rivage afin d’assister à la défaite du philosophe. Xanthus lui parla ainsi : J’ai parié que je boirais la mer, mais non pas les fleuves qui s’y jettent. Que celui donc qui a soutenu avec moi ce pari détourne leur cours et je m’exécuterai. » Il n’y eut qu’une voix pour approuver cet ingénieux expédient dont s’était servi Xanthus pour sortir d’embarras.

Copyright © LA FRANCE PITTORESQUE
Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

Imprimer cet article

LA FRANCE PITTORESQUE