LA FRANCE PITTORESQUE
A quelque chose malheur est bon
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Publié le lundi 21 novembre 2011, par Redaction
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Souvent l’on tire de ses malheurs des avantages que l’on n’aurait pas obtenus sans eux
 

Ce qui peut être vrai pour quelques personnes ne l’est pas pour d’autres, car il y a des gens auxquels le malheur n’apprend rien. Un homme, vraiment sage, sait en tirer de salutaires leçons pour l’avenir, ce qui affermit son expérience. La moralité de ce proverbe, en usage déjà au XVIIe siècle, est que souvent le malheur fait naître la sympathie et qu’il a une grande influence sur l’état de l’âme. On peut dire dans ce cas que le mal amène le bien.

La Fontaine a émis celte idée dans deux de ses fables. Dans l’une d’elles (livre X, fable IX), ayant pour titre : Le berger et le roi, un roi fit d’un berger un juge, parce que celui-ci avait bien soin de ses troupeaux. Le berger qui n’avait pour lui que du bon sens, fut bientôt revenu de ses hautes fonctions et n’eut rien de plus pressé que de reprendre sa houlette et son chapeau de berger. Dans l’autre fable (livre VI, fable VII) intitulée : Le Mulet se vantant de sa généalogie, le fabuliste avait mis en scène un mulet qui se piquait de noblesse parce que sa race tenait de celle du cheval, mais il se ressouvint ensuite qu’il tenait aussi de celle de l’âne. De là ces quatre vers :

Quand le malheur ne serait bon
Qu’à mettre un sot à la raison,
Toujours serait-ce à juste cause,
Qu’on le dit bon à quelque chose.

On trouve chez un poète grec des vers sur ce sujet, dont voici la traduction :

L’envie est, dites-vous, un fléau dangereux.
De mille maux elle est toujours la cause.
Soit ; mais j’ai vu souvent en crever l’envieux,
Malheur est bon à quelque chose.

Voici la pensée de Franklin à ce sujet : « Le malheur est bon à deux choses : à éprouver les amis, et à épurer la vertu. » Il en est de l’homme de bien comme des plantes aromatiques ; plus on les broie, plus s’exhale leur parfum.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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