LA FRANCE PITTORESQUE
Aide-toi, le ciel t’aidera
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Publié le lundi 21 novembre 2011, par Redaction
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La Providence n’accorde son appui qu’à ceux qui savent s’en rendre dignes par leur bonne volonté et leurs efforts
 

Ce proverbe est du XVe, où on l’écrivait ainsi : Ayde-toi, Dieu te aidera. On avait dit aussi à peu près à la même époque : Qui se remue, Dieu l’adjue (mot qui vient du verbe latin adjuvare, aider).

On trouve chez les Athéniens une phrase qui renferme la même pensée que notre proverbe et qui signifie : Dieu aime à seconder celui qui travaille. Du reste, chez les Grecs, on croyait qu’il fallait implorer l’assistance des dieux les bras étendus (c’est-à-dire dans l’attitude du travail) et non avec les bras croisés (dans l’attitude du repos).

Parmi les auteurs français qui ont exprimé la même pensée que ce proverbe, on peut citer Rabelais, XVIe siècle (livre III, chap. XXVII) : De nostre part convient nous évertuer et comme le dit le sainct envoyé, estre coopéraleur avec lui-même. Voici les deux vers que Corneille (XVIIe siècle) a écrits à ce sujet :

Le ciel qui mieux que nous connaît ce que nous sommes.
Mesure ses faveurs au mérite des hommes.

Voltaire (XVIIIe siècle) nous a transmis aussi un vers qui renferme le même sens : « Quand nous n’agissons pas, les dieux nous abandonnent. »

Un autre auteur du XVIIe siècle, Regnier avait dit : Aidez-vous seulement et Dieu vous aidera. La Fontaine (XVIIe siècle), dans sa fable du Charretier embourbé (livre VI, fable 18), y a intercalé cet aphorisme salutaire que chacun devrait avoir gravé dans son esprit, en donnant des conseils au charretier : Pique tes bœufs, pousse la roue, Aide-toi, le ciel t’aidera.

D’autres peuples de l’Europe ont émis la même pensée de différentes façons. Ainsi, des Espagnols nous vient cette phrase : Pro agua delcielo no dexes tu regio, ce qui veut dire : Pour l’eau du ciel, n’abandonne pas l’arrosoir, autrement dit : Ne pas abandonner le certain pour l’incertain. Les Ecossais s’expriment ainsi : Lo the like best and God will do the best, ce qui signifie : Fais pour le mieux et Dieu fera mieux encore.

Pour terminer ces citations, voici une petite anecdote du XVe siècle qui ne laisse pas de présenter un excellent exemple à suivre :

« Vers le milieu de ce siècle, le fils d’un tisserand de la ville d’Utrecht, dans les Pays-Bas, nommé Adrien, se distinguait parmi tous ses camarades de la célèbre université de Louvain. Tous les soirs, ce jeune homme quittait à la nuit tombante l’université et se retirait sans vouloir prendre part au jeu de ses camarades. Ceux-ci, devenus jaloux de ses succès, se mirent à l’épier avec l’espérance de le trouver coupable de quelque faute ; mais Adrien savait toujours se dérober à leurs investigations.

« Une nuit qu’ils avaient parcouru toute la ville à sa recherche, ils aperçurent, en passant, une ombre près de la lampe qui se trouvait toujours allumée sous le porche de l’église Saint-Pierre. Ils s approchent à pas de loup et reconnaissent Adrien courbé sur un livre. Ce jeune homme, rougissant d’être ainsi surpris, leur expliqua que, trop pauvre pour acheter une chandelle, il étudiait ainsi tous les jours, partout où il trouvait une lampe et sans même sentir le froid de l’hiver. »

Dès lors, la jalousie de ses camarades fit place à la plus sincère estime. Adrien parvint aux grades les plus élevés dans l’université de Louvain ; il fut précepteur de Charles-Quint et devint pape sous le nom d’Adrien VI.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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