LA FRANCE PITTORESQUE
ROCHEFORT (Les Pontons de)
(par Jacques Hérissay)
Publié le lundi 25 juillet 2011, par Redaction
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Dès les premiers mois de 1793, la déportation des prêtres s’organise afin de les envoyer en Guyane ou à Madagascar. Or, aucun navire n’est en état et les côtes sont assiégées par la marine anglaise. Les prêtres réfractaires sont reclus dans l’entrepont de navires à Rochefort : les Deux-Associés et le Bonhomme Richard abritant alors les galeux et les syphilitiques.

Chaque matin, la désinfection de ces pontons d’à peine 1 mètre 70 de haut est un supplice : on jette des boulets chauffés dans un tonneau de goudron, d’où émane alors une fumée jaunâtre et épaisse qui étouffe les prêtres. La nourriture, rare et infecte, jointe à l’insalubrité des lieux et à la vermine qui ronge les corps, engendrent en 1794 une épidémie de typhus sur la Cabane carrée, et les Deux-Associés : 11 confesseurs meurent en mai, 25 en juin. Deux chaloupes-hôpital sont ancrées près des pontons : la vision de ces malades à même le sol dans leurs déjections, couverts de plaies, geignant de fièvre, est dantesque. En juillet, 100 prêtres succombent.

Le 13 juillet 1794, un comité de Salubrité descend les premières marches d’un ponton, et repoussé par l’odeur infecte hurle : « Ce n’est pas ainsi que l’on traite des hommes !... Si, le soir, on mettait 400 chiens dans cet endroit-là, ils seraient tous crevés le lendemain ou ils seraient devenus enragés !... » On transfère les prêtres...

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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