25 janvier 1714 : première assemblée d'évêques relative à la bulle Unigenitus

Après la mort du grand Arnauld voy. 8 Aout 1694), Quesnel fut considéré comme chef du parti janséniste. Dans le cours de la même année, il avait publié une édition nouvelle de ses Réflexions morales ; et M. de Noailles, alors évêque de Châlons, avait approuvé ce livre, très répandu et très goûté dans son diocèse. Deux ans plus tard (20 août 1796), M. de Noailles, devenu archevêque de Paris, condamna un livre de l’abbé Barcos, intitulé Exposition de la foi de l’Eglise touchant la grâce et la prédestination. Cet ouvrage, comme celui de Quesnel, ne contenait autre chose que la doctrine de Port-Royal ; aussi vit-on paraître, sous le titre de Problème ecclésiastique, un écrit où l’on opposait l’évêque de Châlons approuvant, à l’archevêque de Paris condamnant les mêmes principes.

Un arrêt du Parlement voua au feu le Problème : ce qui ne tira nullement M. de Noailles de sa position perplexe. Bossuet vint à son secours, en cherchant à établir des différences entre le livre de Quesnel et le livre de Barcos : mais la puissante intervention du père de l’Eglise moderne ne termina point la guerre.

Au contraire, toutes les querelles que Clément IX avait pris à tâche d’étouffer se réveillèrent avec plus de force : les écrits se multiplièrent. Quesnel, réfugié à Bruxelles, n’en fut pas moins persécuté, enfermé, puis délivré par ses amis. Clément XI rendit un décret le 13 juillet 1708, et anathématisa le livre des Réflexions morales dans des termes très sévères : les débats redoublèrent d’ardeur et d’activité.

C’est dans ces circonstances que fut dressée, à la sollicitation de Louis XIV, la fameuse constitution ou bulle Unigenitus, qui condamnait cent et une propositions extraites du livre des Réflexions morales. Au lieu d’amener la paix, cette bulle donna un nouveau signal de guerre. Dans une première assemblée d’évêques, tenue le 25 janvier 1714 sous la présidence de M. de Noailles, devenu cardinal, quarante évêques acceptèrent la bulle ; neuf autres, parmi lesquels se trouvait le cardinal, furent d’avis d’attendre des explications. Le Parlement se soumit à l’enregistrement ; mais la Sorbonne ne s’y résigna que sur des lettres de jussion, et malgré un mandement du cardinal.

Louis XIV mourut dans les discussions excitées par l’acte émané du saint Siège. L’opposition, les appels, les scissions du corps épiscopal continuèrent sous la régence, et se perpétuèrent même sous le règne suivant, quoiqu’en 1720 l’acceptation du cardinal de Noailles, l’approbation du clergé et la déclaration royale eussent semblé devoir produire un accommodement général et définitif (voy. 4 Aout 1720.)