LA FRANCE PITTORESQUE
20 janvier 1689 : première représentation d’Esther, tragédie de Racine
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Publié le samedi 21 novembre 2009, par LA RÉDACTION
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La déclamation faisait partie de l’enseignement que les jeunes élèves de madame de Maintenon recevaient à Saint-Cyr. « Elle était persuadée que les amusements de la scène sont bons à la jeunesse ; qu’ils donnent de la grâce, apprennent à mieux prononcer, et cultivent la mémoire. Mais après avoir fait jouer Andromaque par les demoiselles de Saint-Cyr, elle craignit que cela ne leur insinuât des sentiments opposés à ceux qu’elle voulait leur inspirer. Elle écrivit en conséquence à M. Racine : Nos petites filles viennent de jouer votre Andromaque, et l’ont si bien jouée qu’elles ne la joueront plus, ni aucune autre de vos pièces et elle lui demanda ensuite un poème moral ou historique, dont l’amour fût entièrement banni. »

Esther fut composée ; madame de Caylus, qui nous a transmis ces détails, y récita le rôle de la Piété, que Racine ajouta pour elle. La première représentation de ce chef-d’œuvre eut lieu le 20 janvier 1689. « Le roi, dit madame de La Fayette, n’y mena pour la première fois que les principaux officiers qui le suivaient à la chasse. La seconde fut consacrée aux personnes pieuses, telles que le père La Chaise et douze ou quinze Jésuites. Ensuite elle se répandit aux courtisans. »

Le succès d’Esther fut prodigieux : les allusions y contribuèrent. Dans l’épouse d’Assuérus, on reconnaissait madame de Maintenon ; dans Faîtière Vasthi, madame de Montespan. Aux yeux de quelques personnes, Aman rappelait Louvois ; et la proscription des Juifs, la révocation de l’édit de Nantes : mais des allusions de ce dernier genre ne pouvaient être dans l’intention de Racine.

La faveur d’être admis aux représentations d’Esther devint l’objet d’une ambition générale. Madame de Sévigné l’obtint, et l’enthousiasme avec lequel elle parle de l’ouvrage prouve que le plaisir de l’avoir vu en si bonne compagnie triompha de ses préventions contre le poète.

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