LA FRANCE PITTORESQUE
2 février 1819 : création d’un majorat
pour le duc de Richelieu
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Publié le jeudi 18 février 2010, par LA RÉDACTION
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La France pliait sous le poids des charges que les puissances étrangères lui avaient imposées par le traité du 20 novembre 1815 : déjà on entrevoyait l’époque où l’exécution de ce traité deviendrait impossible ; et déjà il était question de traiter notre belle et riche patrie comme un débiteur insolvable. Un financier proposa le moyen de liquider nos dettes, en fondant notre crédit ; ce fut M. Ouvrard. Un ministre adopta ces idées, et en favorisa l’exécution ; ce fut M. le duc de Richelieu. Une loi, rendue non sans opposition ni sans critique, décerna au ministre une récompense nationale, consistant en un majorât de cinquante mille francs de revenu. Le financier fut complètement oublié dans la distribution des grâces : on ne lui remboursa pas même les frais de voyage, que lui avaient coûté ses actives négociations pour l’affranchissement de notre territoire.

M. le duc de Richelieu se trouvait à Bordeaux lorsqu’on lui annonça l’acte législatif qui devenait son plus beau titre de gloire : il se hâta d’en faire hommage à l’hôpital de cette ville. Peut-être y avait-il peu de convenance dans la promptitude de cette abnégation plus chrétienne que politique : il y en avait moins encore dans les motifs déduits avec complaisance par le duc lui-même : il disait notamment que « les souvenirs de sa famille étaient encore vivants à Bordeaux, après tant d’événements, qui auraient dû les en effacer ; » et il attribuait à la mémoire de son grand-père l’accueil bienveillant qu’il avait reçu dans cette cité. C’était commettre à la fois une erreur et une maladresse. En effet, si l’on se souvient encore à Bordeaux du maréchal de Richelieu, il vaudrait mieux pour lui qu’on l’y eût oublié : le visirat de Guienne a couvert son nom d’une tache ineffaçable.

« II n’est pas sans intérêt de remarquer, dit l’historien Montgaillard que M. de Richelieu fut redevable du projet de cette munificence nationale à l’homme qui héritait de son portefeuille de premier ministre ; et, par une circonstance non moins remarquable, le père du nouveau premier ministre, M. Decazes, procureur à Libourne, s’était enrichi en achetant de la nation le château et la terre ducale de Fronsac, propriété de M. le duc de Richelieu, confisquée révolutionnairement et vendue en 1793. »

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