LA FRANCE PITTORESQUE
Charles III le Gros
(né en 839, mort le 13 janvier 888)
(Empereur d’Occident : règne 881-887.
Roi des Francs (Francie occidentale) : règne 884-887)
Publié le jeudi 4 février 2010, par LA RÉDACTION
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Surnommé le Gros, Empereur, fils de Louis II le Germanique et petit-fils de Louis le Débonnaire, il naquit en 839. Il avait deux frères plus âgés que lui, Carloman, qui fut roi de Bavière, et Louis, qui fut roi de Saxe ; ils se révoltèrent tous les trois contre leur père ; mais ayant été vaincus, ils furent contraints de lui prêter, en présence de toute l’armée, un nouveau serment de fidélité.

Charles III le Gros (881-887)

Charles III le Gros (881-887)

A la mort de Louis II le Germanique, ses trois fils partagèrent ses Etats ; la Souabe, la Suisse et l’Alsace échurent à Charles le Gros. Carloman, n’ayant survécu que de quatre ans à son père, Charles et Louis se divisèrent son héritage ; les provinces allemandes reconnurent Louis pour souverain ; Charles succéda au royaume d’Italie. Deux ans après, Louis lui-même étant mort sans enfant mâle, Charles réunit tout le patrimoine de Louis le Germanique. Il venait d’être couronné Empereur par le pape Jean VIII.

De si vastes Etats et des titres si pompeux ne lui servirent qu’à montrer sa faiblesse et son manque de courage. A peine Empereur, il se vit engagé dans une guerre avec les Allemands, qui ravageaient son royaume de Lorraine ; il parvint à les bloquer dans leurs retranchements. Mais tout à coup, et au moment où ils songeaient à se rendre prisonniers, Charles acheta d’eux la paix au prix de 2400 livres pesant d’argent, en cédant de plus la Frise occidentale à Godefroi, l’un de leurs rois, à la condition qu’il défendrait contre ses compatriotes les embouchures du Rhin, de la Meuse et de l’Escaut.

Ce traité honteux, qui indigna l’Allemagne, fut la première cause des malheurs et de la chute de Charles le Gros. Ses injustices envers les fils des margraves d’Autriche, auxquels il enleva l’héritage et la dignité de leurs père, occasionnèrent en Bavière une guerre civile.

Charles s’aliéna aussi le cœur de ses sujets d’Italie, en dépouillant les ducs Guy et Bérenger de leurs duchés, pour les donner à des hommes de basse extraction, en s’arrogeant le droit de faire des changements à l’administration de la justice, dans les terres appartenant au saint-siège, enfin en laissant dévaster l’Italie par les Sarrasins, tandis que, se trouvant lui-même dans ce royaume, il aurait pu s’opposer en personne à leurs ravages.

Il ne vécut pas plus en paix avec sa famille qu’avec ses peuples. Il exila d’Italie en Allemagne sa sœur Engelberge, veuve de l’empereur Louis II ; il fit crever les yeux à son neveu Hugues, duc d’Alsace. Nommé régent de France à la mort du roi Carloman II (884), et durant la minorité de Charles le Simple, il ne gouverna pas mieux comme régent que comme empereur.

Les Normands ayant pénétré jusque sous les murs de Paris, Charles y envoya une armée qui fut mise en déroute. Il en rassembla une seconde et s’avança jusqu’à Montmartre ; mais ce fut pour conclure de nouveau une paix honteuse avec les Normands, auxquels il céda la Normandie. Tant d’ineptie et de lâcheté ayant révolté toutes les nations soumises à l’empire de Charles le Gros, il crut apaiser leur ressentiment en leur livrant son premier ministre, l’évêque Luitward.

Mais il ne fit que s’avilir davantage par les accusations qu’il porta contre ce favori, qui l’avait longtemps gouverné. Sans égard pour son propre honneur, Charles poursuivit Luitward comme coupable d’un commerce criminel avec l’impératrice Richarde. Elle se justifia par l’épreuve du fer ardent, et se retira dans une abbaye qu’elle avait fondée. Elle a depuis été canonisée par le pape Léon IX. Luitward se réfugia près d’Arnoul, duc de Carinthie, neveu de Charles, et sut engager ce prince à lever l’étendard de la révolte contre l’Empereur, son oncle.

Celui-ci convoqua une assemblée des grands et des princes de son empire. Mais Arnoul s’y étant présenté avec des forces imposantes, y fit déposer l’Empereur. Charles mourut peu après sa déposition, dans l’abbaye de Reichenau, située dans une île du lac de Constance, en, Souabe, le 12 janvier 888. On prétend que ses propres domestiques l’étranglèrent. Vers les derniers jours de sa vie, il était tombé dans un tel dénuement, qu’il vivait des aumônes de l’archevêque de Mayence.

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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