LA FRANCE PITTORESQUE
14 janvier 1526 : traité de Madrid
par lequel le roi François Ier
recouvre sa liberté
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Publié le jeudi 12 janvier 2017, par LA RÉDACTION
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Depuis plus de dix mois, le roi de France avait eu le temps de gémir sur sa fatale imprudence de Pavie (24 février 1525). Enfermé dans un appartement triste et incommode, il n’avait d’autre alternative que de s’avilir ou de mourir prisonnier.
 

La condition à laquelle Charles-Quint tenait le plus fortement, c’était la restitution de la Bourgogne ; François Ier déclarait qu’il ne souscrirait jamais à cet article. Du reste il consentait à faire à l’empereur cession absolue de ses droits et prétentions sur l’Italie et les Pays-Bas ; il promettait de rendre au connétable de Bourbon toutes les terres qu’on lui avait confisquées ; enfin il renouvelait l’offre d’épouser la princesse Eléonore, et s’engageait à payer une rançon considérable.

Tout-à-coup les deux souverains se rapprochèrent ; d’une part la crainte d’une évasion ou d’une résolution extrême, de l’autre, l’ennui de la captivité modifièrent leurs idées. L’empereur consentit à mettre le roi en liberté, avant que la restitution de la Bourgogne fût consommée ; mais il stipula que François Ier lui livrerait, comme otages, son fils aîné le dauphin, le duc d’Orléans son second fils, ou, à la place de ce dernier, douze des principaux seigneurs que Charles nommerait à son choix. Le traité contenait encore plusieurs clauses rigoureuses.

François Ier

François Ier

Selon quelques historiens, les conseils de Marguerite, duchesse d’Alençon et depuis reine de Navarre, décidèrent François Ier à cette transaction peu délicate avec sa conscience. Le roi signa, le 14 janvier 1526, un traité qu’il n’avait nullement l’intention d’accomplir, et contre lequel il protestait secrètement quelques minutes avant d’en jurer l’exécution.

Au bout d’un mois les ratifications de la régente étant arrivées, François Ier prit congé de l’empereur. Robertson écrit dans son Histoire de Charles-Quint : « Pour s’assurer de plus en plus de la fidélité de son prisonnier, Charles exigea de nouvelles promesses que le roi de France ajouta sans peine à toutes celles qu’il avait déjà faites. François quitta Madrid avec des sentiments de joie qu’on imagine aisément Lorsque le convoi fut arrivé à la rivière de la Bidassoa, qui sépare les deux royaumes, Lautrec parut sur la rive opposée avec une escorte de cavalerie égale en nombre à celle d’Alençon.

« Au milieu de la rivière était amarrée une barque vide ; les deux troupes se rangèrent l’une vis-à-vis de l’autre sur les deux rives ; au même instant, Lannoy s’avança de la rive espagnole avec huit gentilshommes, et Lautrec de la rive française avec huit autres. Le premier avait le roi dans sa barque ; le second avait dans la sienne le dauphin et le duc d’Orléans : ils se réunirent dans la barque qui était vide, et l’échange fut fait en un moment. François, après avoir embrassé rapidement ses enfants, sauta dans la barque de Lautrec et aborda au rivage de France.

« Aussitôt il monte un cheval turc, et part au grand galop en agitant sa main au-dessus de sa tête, et s’écriant plusieurs fois avec des transports de joie : Je suis encore roi ! il arriva bientôt à Saint-Jean-de-Luz, et de là, sans s’arrêter, à Bayonne. Cet événement, que la nation française désirait avec autant d’impatience que le roi lui-même, se passa le 18 mars, un an et vingt-deux jours après la bataille de Pavie. »

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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