LA FRANCE PITTORESQUE
Occupation néolithique et établissement
rural gallo-romain à Béziers (Hérault)
(Source : Inrap (Institut National de Recherches Archéologiques Préventives))
Publié le jeudi 2 mars 2023, par Redaction
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Deux équipes d’archéologues de l’Inrap mobilisées sur deux sites voisins de la périphérie de Béziers ont mis au jour un site du Néolithique ainsi qu’un établissement rural gallo-romain, dont l’activité agricole est documentée par la fouille d’un puits
 

Conduites sur prescription de l’État (Drac Occitanie), à l’occasion du projet d’aménagement de la Zone d’Activité Économique de Mazeran, ces fouilles font suite à quatre diagnostics, réalisés par le service archéologique municipal de Béziers dans l’emprise de la ZAE de Mazeran, et complètent les interventions menées par l’Inrap sur la ZAC voisine de Mazeran-Garissou et sur le tracé de l’A75. Deux secteurs ont été étudiés : le site « Mazeran 7 » s’étendant sur 1,2 ha sur le flanc d’une ancienne terrasse alluviale qui domine le bassin d’un ruisseau intermittent, et celui « Mazeran 5 » qui lui fait face.

Aire d’activité agricole et habitat néolithiques
Bien que les structures en élévation et les sols ne soient pas conservés et que seuls les aménagements souterrains subsistent, les vestiges découverts sur le site « Mazeran 5 » sont datés de plusieurs périodes du Néolithique. Un groupe de creusements de plan circulaire se rattache au Néolithique moyen (4500-3600 av. J.-C.). Il correspond à une petite batterie de silos dont les parties supérieures ont été détruites par l’érosion et les labours.

Grandes caves du Néolithique final en cours de fouille à Béziers (Hérault)
Grandes caves du Néolithique final en cours de fouille à Béziers (Hérault), 2022.
© Crédit photo : Vincent Lauras, Globdrone, Inrap

Les vestiges découverts dans ces fosses sont peu nombreux et il est probable que cette zone, dédiée au stockage des céréales, ne se trouvait pas à proximité directe de l’habitat de la communauté paysanne qui a exploité ces terrains il y a 6000 ans. L’un des silos a servi de lieu d’inhumation pour un individu masculin, ce qui est une pratique récurrente à cette époque. Un autre a livré une petite lame de faucille en silex importé du Vaucluse qui a servi à couper des tiges de céréales.

Des creusements de taille plus importante et riches en objets archéologiques appartiennent à une phase plus récente du Néolithique (3500-2500 av. J.-C.). Il s’agit de resserres et de grandes caves de stockage dont la surface peut dépasser les 20 m2 et dont la profondeur devait être supérieure à 1,5 m. Une petite resserre de 3,5 m2 contenait, sur son fond, des bûches calcinées correspondant probablement à une superstructure effondrée, construite en bois et en terre crue. Une grande cave contenait de nombreux blocs de terre crue correspondant à des éléments d’architecture en position secondaire.

Le mobilier récolté dans le comblement de ces caves évoque les témoins habituellement découverts en contexte d’habitat : des restes de céramique, de la faune domestique (bovins, caprins) et des éléments de macro-outillage liés au traitement des céréales. L’abondance des meules et molettes témoigne de l’importante activité de mouture réalisée sur le site qui avait une vocation agricole.

Le secteur « Mazeran 7 » a également livré des vestiges de la période néolithique, malgré, là encore, le mauvais état de conservation des vestiges dû à l’érosion, aux remembrements et aux sous-solages profonds qui caractérise ce versant du talweg. De petites concentrations de fosses et d’excavations plus vastes et polylobées du Néolithique final ont été observées dans ce secteur. Des foyers et des rejets de mobiliers (matériel de mouture en particulier) y sont concentrés.

Un site d’exploitation agricole et plusieurs ensembles de plantations arbustives
Vers le changement d’ère, le terroir déjà amendé depuis la fin de l’âge du Fer est remis en valeur. Des plants de vignes s’y accumulent et un verger y est entretenu (l’étude est en cours pour identifier les essences).

La présence d’un premier habitat en matériaux périssables est envisagée (adobes et pains de terre crue en quantité). Dans le courant du Ier siècle ap. J.-C. de nouvelles constructions, plus amples et à vocation agricole, sont établies. Elles sont entretenues tout au long des IIe et IIIe siècles et gardent leur vocation utilitaire.

Une activité viticole documentée par la fouille d’un puits-dépotoir
Dans la cour centrale de cet établissement, un puits a été mis au jour. La Cellule d’intervention sur les structures archéologiques profondes (Cisap) de l’Inrap en a réalisé la fouille manuelle sécurisée. Le cuvelage bâti s’enfonce sur une profondeur de près de dix-huit mètres, ménageant un conduit interne d’un peu plus d’un mètre de diamètre. Le fond en cuvette est taillé dans la roche marneuse imperméable. À la base du remplissage ont été découverts les débris de petites lattes de bois associées à des ferrures, évoquant un seau qui a pu servir au puisage.

Les spécialistes de l'Inrap sont descendus jusqu'au fond du puits gallo-romain à 18m de profondeur découvert à Béziers
Les spécialistes de la cellule Cisap (Cellule d’intervention sur les structures archéologiques
profondes de l’Inrap) sont descendus jusqu’au fond du puits gallo-romain à 18m de profondeur,
découvert à Béziers (Hérault), 2022. Utilisé comme dépotoir à son abandon,
le puits recueille matériaux de démolition et éléments issus de l’occupation de surface.
© Crédit photo : Jean-Baptiste Jamin, Inrap

Utilisé comme dépotoir à son abandon, le puits recueille matériaux de démolition et éléments issus de l’occupation de surface. Ainsi les comblements extraits et systématiquement tamisés et leur mobilier documentent les activités agro-pastorales locales. Les nombreux tessons de dolium corroborent notamment la vocation vinicole de l’établissement. Un fond complet de ce type de contenant, noirci par le feu, atteste un réemploi comme structure foyère. Des fragments de meules en basalte d’Orvieto permettent de restituer un moulin à sang (à force animale). Enfin, d’importantes séries d’os de faune interroge sur l’entretien du cheptel dans ce secteur périurbain.

Inrap
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