LA FRANCE PITTORESQUE
Découverte de l’Uzès antique (Gard)
(Source : Inrap)
Publié le jeudi 20 avril 2017, par Redaction
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Une équipe de l’Inrap met actuellement au jour, sur prescription de l’État (Drac Occitanie), une partie du passé d’Uzès, de l’Antiquité au Moyen Âge. Les archéologues viennent notamment d’exhumer d’importantes mosaïques appartenant à deux édifices antiques
 

Les fouilles, réalisées à l’occasion de la construction d’un internat commun aux lycées Gide et Guynemer par la région Occitanie, documentent pour la première fois la ville romaine d’Ucetia.

La ville romaine d’Utecia
Aujourd’hui, l’agglomération romaine n’est simplement attestée que par le toponyme Ucetia porté sur une inscription géographique de Nîmes, et quelques rares découvertes de fragments de mosaïques signalées anciennement dans la ville.
L’actuel chantier de 4 000 m2 révèle de nombreux vestiges datés de l’époque républicaine (Ier siècle avant notre ère) à la fin de l’Antiquité (VIIe siècle), et plus rarement du Moyen-Âge.

Les archéologues viennent de dégager un puissant mur et des maçonneries de peu postérieurs à la conquête romaine. Certaines pièces comportent des aménagements remarquables : l’une d’elles abrite une sole de four à pain, remplacée par la suite par un dolium — énorme jarre en céramique.

Une mosaïque de l'Uzès antique

Une mosaïque de l’Uzès antique

Faon, canard, hibou et aigle
Dans un autre secteur, les archéologues mettent au jour un vaste bâtiment de 250 m2, ouvert au Sud, dont la colonnade évoque un édifice public. Il est composé de quatre pièces en enfilade, dont deux ont des sols bétonnés et des murs décorés d’enduits peints. À une extrémité de l’édifice se trouve une pièce avec un sol de mortier incrusté de tesselles en croisettes (opus signinum). Elle donne accès à une salle spacieuse de 60 m2, dont le sol est décoré d’un pavement mosaïqué complexe.

Deux vastes mosaïques sont ornées de motifs géométriques (postes — motif ornemental formé d’enroulements se reliant de façon continue —, méandres, svastikas) qui encadrent deux médaillons centraux formés de couronnes, de rayons et de chevrons. Un des médaillons est entouré de quatre animaux polychromes : hibou, canard, aigle et faon.

Le bâtiment perdure jusqu’à la fin du Ier siècle de notre ère. Ses espaces sont en partie restructurés, les mosaïques ne sont plus entretenues, le sol en mortier, détruit, est remplacé par une surface bétonnée plus rudimentaire. Dans la rue adjacente, le niveau de circulation est rehaussé.

Une domus du Haut-Empire
Le début de notre ère a livré d’autres édifices, dont un vaste établissement de plus de 500 m2, peut-être une domus (habitation urbaine). Ses maçonneries dessinent des espaces réguliers selon un axe est/ouest, sans doute influencé par le tracé d’une voie à proximité. Ici, une production vinicole est bien attestée par la présence de plusieurs dolia. Au cours du Haut-Empire, la domus connaît une importante réorganisation spatiale. Une des pièces a un décor mosaïqué formé de lignes de tesselles aux motifs géométriques, assorties, aux quatre coins, de dauphins.

Au sein de la demeure, une nouvelle pièce chauffée est installée. Seul son hypocauste — vide sanitaire, supporté par des piles en brique où circulait la chaleur — est conservé. La cour est dorénavant bordée d’un portique. Ce secteur semble assidûment fréquenté jusqu’à la fin de l’Antiquité, entre les Ve et VIIe siècles. Les bâtiments de cette époque respectent les orientations des axes de circulations antiques. Au Sud, un profond fossé mis en place au XVIIe siècle pour participer au système défensif de la ville a détruit la totalité des structures antiques.

Un nouveau secteur de fouilles
Les archéologues viennent d’engager les fouilles d’un avant dernier secteur de 1 100 m2. Elles révèlent également des occupations antiques et médiévales dont deux chaussées et un carrefour, abandonnés au début du IIe siècle de notre ère. La zone semble réinvestie au Ve siècle.

Institut national de recherches archéologiques préventives
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