LA FRANCE PITTORESQUE
Luthier (Le) et le cryptographe :
livres de compte codés
(Source : CNRS)
Publié le mardi 20 février 2018, par Redaction
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Le code secret des luthiers a enfin été percé ! Pendant des siècles, certains luthiers cryptaient des informations dans leurs livres de compte afin de cacher leurs marges à leurs clients. Le conservateur du Musée de la musique, à Paris, a confié ces documents énigmatiques à un spécialiste de la cryptographie afin de mieux connaître les pratiques commerciales de la profession.
 

C’est une partie de l’histoire de la musique qui dort depuis près de 200 ans dans ces trois registres : des pages jaunies par le temps, porteuses d’un secret bien gardé. Certaines des informations qu’elles contiennent sont codées. Un conservateur du Musée de la musique à Paris, Jean-Philippe Echard, a voulu en savoir un peu plus sur cette étonnante pratique. Ces registres ont été tenus par les successeurs de Nicolas Lupot, un très grand luthier parisien qui a fondé son atelier en 1795 à Paris, et est mort en 1824.

Pendant près d’un siècle, chaque opération comptable est notée dans le registre : plus de 2500 instruments y sont répertoriés, essentiellement des violons, achetés par des luthiers et revendus à une clientèle de musiciens. Pour chaque instrument, les registres contiennent quatre prix : le prix auquel les luthiers ont acheté l’instrument, le prix auquel ils souhaitent le vendre, le prix de vente réel lorsque le client s’est présenté, et le prix de réserve, prix en dessous duquel les luthiers ne veulent pas descendre.

Mais les luthiers ont pris le soin de coder certains de ces prix pour les garder confidentiels. Cacher les prix des violons est probablement destiné à mieux négocier avec les clients. Près de 200 ans plus tard, ces données sont précieuses pour les historiens de la musique : si on déchiffre le code secret, on lève le voile sur une partie de l’activité et de la valeur de ces instruments. On peut comprendre les marges et les pratiques commerciales de l’atelier. Pour percer ce code, Jean-Philippe Echard fait appel à Pierrick Gaudry, cryptographe.

Rémi Pin
CNRS

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