LA FRANCE PITTORESQUE
1er mars 1588 : mort du médecin
et botaniste Jacques Daléchamps
(D’après « Biographie universelle ancienne
et moderne » (Tome 10), édition de 1852)
Publié le mardi 1er mars 2022, par Redaction
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Prenant ses grades à Montpellier, reçu docteur à 33 ans, Daléchamps, dont on ne sait rien de la vie privée et qui n’est connu que par ses travaux, exerça avec succès la médecine à Lyon jusqu’à sa mort et composa une collection, considérable pour le temps, des plantes croissant dans le Lyonnais
 

Médecin et botaniste célèbre par son érudition, Jacques Daléchamps naquit à Caen en 1513, étudia la médecine à Montpellier, fut reçu bachelier sous Rondelet en 1546, et docteur l’année suivante. Il alla en 1502 se fixer à Lyon, où il exerça la médecine avec beaucoup de succès et de réputation, jusqu’à sa mort en 1588.

Il joignait à une profonde connaissance de toutes les parties de son art, celle des langues anciennes et une vaste érudition. Il s’occupa principalement à éclaircir par de savants commentaires quelques auteurs grecs et latins. On lui doit une version latine d’Athénée, avec le texte grec et des commentaires (1552). Daléchamps s’attacha surtout à corriger le texte de Pline, et il en donna une édition très estimée dont il y a eu plusieurs compositions. Il y avait travaillé une grande partie de sa vie, et ne survécut que d’un an à sa publication.

Jacques Dalechamps par son contemporain le peintre Pierre Eskrich

Jacques Dalechamps par son contemporain le peintre Pierre Eskrich

Il forma de bonne heure le projet de réunir dans un seul corps d’ouvrage les connaissances acquises jusqu’alors en botanique, et voulant s’associer des coopérateurs en état de le seconder, il fit choix d’abord du naturaliste Jean Bauhin, qui, quoique fort jeune, était déjà très habile botaniste ; mais celui-ci s’étant vu obligé de quitter Lyon, craignant d’être inquiété pour la religion protestante qu’il professait, Dalechamps ne put trouver à le remplacer.

Il rassemblait des matériaux, en recherchant par lui-même, avec soin, les plantes qui croissent dans les provinces voisines, et en entretenant des correspondances suivies dans les différentes contrées de l’Europe : en Flandre avec Lécluse, Lobel ; en Espagne avec Mouton, Valerando Dourez. Il faisait dessiner cl graver toutes les plantes qui lui parvenaient par ce moyen. De plus il faisait copier et réduire sur un même module, toutes les figures qui existaient déjà en 1558.

Il voulut donner une idée de ses recherches dans une version latine de Dioscoride, à laquelle on avait adapté les figures très réduites de Fuchs ; et il en ajouta douze, qui représentaient autant de plantes curieuses qu’il avait découvertes ; elles sont très correctement dessinées, mais le format en est trop petit pour qu’elles soient bien reconnaissables.

Daléchamps, entraîné par la pratique de la médecine, et surtout par ses recherches sur les anciens, n’eut pas le temps de publier lui-même son travail, ni de l’achever sur le même plan qu’il l’avait commencé. Le libraire Rouillé se mit à la tête de cette entreprise et la fit continuer ; il chargea Jean de Moulins, médecin de Lyon, de rédiger l’ouvrage et de le produire au jour ; mais ce médecin ne sut mettre aucune critique dans son travail, et transposa souvent les figures, en sorte que l’ouvrage resta au-dessous de l’attente générale. Enfin cet ouvrage, si longtemps attendu, fut donné au public du vivant de Daléchamps, qui ne mourut que deux ans après ; il est intitulé : Historia generalis plantarum in libros octodecim, per certas classes artificiose digesta, etc. (1586).

Le nom de Daléchamps ne se trouve pas sur le frontispice ; mais tous les auteurs du temps l’ont cité sous son nom, parce qu’il en avait donné le plan et la plupart des matériaux. Suivant Jacques Pons, médecin de Lyon, ce fut le libraire Rouillé seul qui en conçut le plan, et Jean de Moulins qui l’exécuta. Daléchamps n’y contribua qu’en communiquant les observations et les dessins qu’il avait rassemblés. C’est donc à lui qu’appartient tout ce qui s’y trouve de bon ; mais la distribution des objets, l’ordre et la rédaction de l’ensemble appartiennent à de Moulins. Les 2731 plantes dont il donne les figures sont divisées en dix-huit classes ou livres, suivant leur grandeur, leur figure, leurs qualités, etc., mais aucune de ces classes n’est naturelle.

Daléchamps voulant, comme nous l’avons dit, établir la concordance de tous les ouvrages que l’on avait publiés avant lui, avait fait copier le plus grand nombre des figures déjà faites, et elles ont été publiées dans cette histoire, ce qui fait que la même plante est répétée deux ou trois fois ; souvent c’était au su de Daléchamps lui-même, et suivant son but, qui était de mettre à même de comparer les différents auteurs qui l’avaient précédé ; mais d’autres fois il ne s’en était pas aperçu, et c’était rendre un service à la science que d’indiquer ces erreurs. C’est ce que fit Gaspard Bauhin (frère de Jean Bauhin), en publiant ses Animadversiones in historiam generalem plantarum Lugduni editam (1601).

Jean Bauhin dans son Histoire des plantes, reprend souvent avec amertume les fautes de cet ouvrage. Cependant, malgré ses défauts, il a été longtemps utile. On y reconnaît une érudition profonde, et l’on doit rendre justice à Daléchamps en convenant qu’il a été l’un des botanistes qui ont montré le plus de sagacité pour déterminer les plantes des anciens. De plus, il y a une centaine de plantes qu’il a fait connaître le premier. Jacques Pons fit des Observations sur cet ouvrage en 1600. C’est une espèce d’errata, où il a corrigé les titres et fait différentes additions, qu’il a rédigées sur ce que Daléchamps lui-même avait indiqué, et sur les manuscrits qu’on trouva dans son cabinet après sa mort.

Jean de Moulins traduisit en français cette histoire des plantes qu’il avait publiée en latin ; elle parut sous le titre d’Histoire générale des plantes, sortie latine de la bibliothèque de M. Jacques Daléchamps, puis faite française, par M. Jean de Moulins (1615). Il profita des corrections indiquées par Pons, et ajouta des tables des vertus des plantes ; ce qui fait que cette traduction est plus estimée que l’original. Cependant de Moulins eut le tort de ne pas profiter des critiques de Gaspard Bauhin, et il laissa subsister beaucoup de transpositions de figures. Néanmoins, comme c’était le seul traité complet que l’on eût sur les plantes en langue vulgaire, il eut plusieurs éditions ; la dernière étant de 1613.

Plumier a consacré, sous le nom de Dalechampia, un genre à la mémoire de ce botaniste ; il est de la famille des euphorbes, et renferme des arbustes grimpants qui ne se trouvent que dans les pays équatoriaux.

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