LA FRANCE PITTORESQUE
Sandro Faïta : un des rares
facteurs de cor des Alpes
(Source : France Télévisions)
Publié le jeudi 5 janvier 2017, par Redaction
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Ils ne sont que cinq en France, et seulement une vingtaine en Europe. Sandro Faïta est facteur de cor des Alpes. Un instrument atypique, longtemps cantonné au folklore des vallées alpines, mais qui retrouve grâce aux yeux de certains musiciens.
 

Quand on évoque le cor des Alpes, on a tous en tête la même image. Celle d’un groupe d’hommes, généralement d’un certain âge, costume traditionnel et chapeau vissé sur la tête, rassemblés en arc de cercle, et soufflant dans ces longues cornes de bois au beau milieu des montagnes suisses.

Et c’est normal, car depuis le XIXe siècle, le cor des Alpes est resté cantonné à un rôle folklorique, principalement chez nos voisins helvètes qui se sont emparés de l’instrument. Dans l’inconscient collectif, le cor des Alpes est donc originaire de Suisse. Mais il n’en est rien ! Comme le souligne Sandro Faïta, des écrits du XVIe siècle relatent que le cor était présent dans de nombreuses contrées, surnommé notamment l’instrument des bergers d’Orient et d’Occident, ce qui laisse supposer qu’il était utilisé bien au-delà des seules vallées alpines. Il permettait, il n’y a pas si longtemps encore, aux bergers de communiquer entre eux grâce à un langage très codifié. Le portable avant l’heure.

Retour en grâce
Et pourtant il a été utilisé dans quelques thèmes de symphonies par de grands compositeurs comme Brahms, Strauss ou Malher. Mais le cor des Alpes était resté cantonné à ce rôle folklorique. Or les choses changent, depuis une dizaine d’années l’instrument revient à la mode. Des ensembles amateurs ont vu le jour et des musiciens professionnels, trompettistes, trombonistes et cornistes (d’harmonie), (re)découvrent cet instrument de la famille des cuivres, si proche du leur. Et petit à petit le cor des Alpes sort de son « univers » traditionnel pour faire quelques incursions dans d’autres styles musicaux et notamment le jazz.

Sandro Faïta, un des cinq facteurs français de cor des Alpes, dans son atelier de la Croix-Rousse à Lyon

Sandro Faïta, un des cinq facteurs français de cor des Alpes,
dans son atelier de la Croix-Rousse à Lyon. © Stéphane Hilarion

Plus de 60 heures de travail
Sa longueur détermine la tonalité de l’instrument. La version la plus répandue est un cor en fa qui mesure 3,52 mètres de long. Mais cela peut aller jusqu’à 4,50 mètres. Les cors sont fabriqués en quatre parties, en épicéa, un bois de résonance, tendre et... léger. Ce qui a toute son importance vu la taille de l’instrument. Au final le cor ne fait plus que 8 mm d’épaisseur. En tout il faut à Sandro Faïta plus d’une soixantaine d’heures pour réaliser un cor, entièrement à la main.

De la scène à l’atelier
Sandro Faïta aurait pu mener une belle carrière de soliste. Diplômé du Conservatoire national supérieure de musique de Lyon, il remporte plusieurs concours internationaux prestigieux à Munich, Paris ou encore Osaka. Dans la foulée il est recruté comme cor solo à l’orchestre de la radio-télévision suisse italienne à Lugano puis rejoint l’Orchestre des Pays de Savoie.

Après une dizaine d’années, le musicien professionnel vit de plus en plus mal la « routine » de l’orchestre et décide de changer de vie. « J’avais envie de faire quelque chose des mes mains. L’envie de créer, de fabriquer. J’ai sans doute hérité ça de mon grand-père qui était sculpteur. Et j’avais aussi envie de mettre mon talent de musicien au service de l’instrument, pour chercher à l’améliorer, innover. »

Il reprend la suite d’un maître ébéniste de la Croix-Rousse auprès de qui il se forme sur le tas, à l’ébénisterie d’art. Il rebaptise l’atelier Résonancebois et tout va ensuite très vite. En deux ans il a déjà fabriqué une cinquantaine de cors, vendus 3000 euros pièce. Ses clients, amateurs passionnés comme musiciens professionnels, viennent de France, de Belgique, du Luxembourg et désormais aussi de Suisse. Une belle reconnaissance de la qualité de son travail et de son amour pour cet instrument vraiment étonnant.

Stéphane Hilarion
France Télévisions

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