LA FRANCE PITTORESQUE
La gare d’Orsay, ancêtre du
musée actuel : merveille de
l’Exposition universelle de 1900
(Source : Le Point)
Publié le jeudi 20 octobre 2016, par Redaction
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Voilà 30 ans, la gare de 1900, somptueuse aberration, a entrepris une mue pour échapper à la démolition et devenir un des plus beaux musées de France
 

On a tendance à oublier que le musée d’Orsay a débuté dans la vie comme gare. À l’approche de l’Exposition universelle de 1900, la Compagnie des chemins de fer d’Orléans s’inquiète de l’éloignement de sa gare parisienne (celle d’Austerlitz) des esplanades des Invalides et du Champs-de-Mars où se tient l’exposition. L’état lui cède un terrain où s’élevait le Palais d’Orsay défiguré par un incendie, pour y bâtir sa nouvelle gare.

Le défi pour l’architecte Victor Laloux est de dessiner un bâtiment qui ne dépare pas dans ce quartier chic. Il a donc l’idée de planquer la structure métallique (12 000 tonnes contre 7 000 tonnes pour la tour Eiffel) derrière une façade de pierre au style éclectique. La lumière traverse 35 000 mètres carrés de verrières et de parois vitrées. Les plafonds sont ornés de 1 600 caissons à rosaces en staff. Le décor se doit d’être somptueux, car c’est ici que toutes les délégations étrangères, tous les souverains venus visiter l’Exposition seront accueillis en grande pompe.

La gare d'Orsay-Orléans

La gare d’Orsay-Orléans

Parce que la gare d’Orsay est reliée par un tunnel à celle d’Austerlitz, il ne peut être question d’y faire arriver des locomotives à vapeur. Du coup, il est adopté un dispositif aberrant : à Austerlitz, les locomotives à vapeur sont décrochées pour être remplacées par de petites locomotives électriques (appelées boîtes à sel par les cheminots). En revanche, Victor Laloux ne renonce pas à bâtir un hall d’arrivée d’une très grande hauteur (32 mètres), ce qui n’est plus vraiment utile avec l’abandon de la vapeur. À l’intérieur de la gare, le summum de la technologie a été mobilisé pour faciliter la vie aux voyageurs : plans inclinés, monte-charge pour les bagages, ascenseurs pour les hommes, seize voies en sous-sol.

La gare est flanquée, à l’ouest, d’un luxueux hôtel de 370 chambres avec un restaurant et une grande salle d’honneur. Les travaux sont accomplis en deux ans, avec une équipe de jour de 300 ouvriers et une de nuit avec 80 ouvriers. L’inauguration a lieu le 14 juillet 1900.

La gare d’Orsay, dont les quais sont trop courts pour accueillir les convois de plus en plus longs, ne survivra pas très longtemps. En 1939, le trafic grandes lignes est arrêté à la gare d’Austerlitz ; le trafic banlieue est abandonné en 1958. Désormais, la gare d’Orsay n’est plus qu’une coquille vide. Après avoir frôlé la démolition en 1970, la gare d’Orsay est finalement sauvée par Valéry Giscard d’Estaing qui lui trouve sa nouvelle vocation de musée du XIXe siècle. C’est François Mitterrand qui l’inaugure en 1986.

Frédéric Lewino et Essia Lakhoua
Le Point

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