LA FRANCE PITTORESQUE
Ninon de Lenclos objet d’un échange
d’amabilités entre le comte
de Choiseul et le baladin Pécour
(D’après « Mémoires de Ninon de Lenclos » (Volume 2), édition de 1857)
Publié le dimanche 2 octobre 2016, par Redaction
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Le comte de Claude de Choiseul (1633-1711), futur maréchal de France (1693) devenu amoureux de la célèbre courtisane Ninon de Lenclos (1620-1705), se vit préférer un rival dont il ne s’était jamais défié : le danseur Louis Pécour (ou Pécourt) qui rendait de fréquentes visites à Ninon.

Le comte le rencontra un jour chez elle. C’était à l’heure du déjeuner, et Claude de Choiseul, voyant deux couverts mis, alla sans façon prendre place à la table. Pécour, sortant aussitôt d’une chambre voisine, lui cria :

— Pardon ! Je suis désolé... Ce couvert est pour moi.

— Monsieur ! fit le comte, se levant l’œil enflammé de courroux.

— Soyez donc assez aimable, dit Pécour avec infiniment de calme, pour ne pas élever ainsi la voix : on pourrait croire que vous me cherchez querelle.

Ninon (Anne) de Lenclos

Ninon (Anne) de Lenclos

Choiseul était blême de rage. Ses yeux tombant alors sur le costume de son interlocuteur, qui tenait moitié du bourgeois, moitié du militaire, il lui demanda avec ironie :

— Dans quel corps servez-vous, monsieur ?

— Je sers dans un corps où vous avez servi beaucoup trop longtemps, répondit Pécour sur le même ton. Du reste, ce n’est pas devant mademoiselle que je puis vous raconter mes campagnes. Le boulevard n’est pas loin ; si vous désirez m’y suivre...

Choiseul campa fièrement son feutre sur sa tête, et dit :

— Je ne me bats pas avec un baladin !

— Vous avez raison, monsieur, car le baladin vous ferait danser.

La chose en resta là.

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