LA FRANCE PITTORESQUE
Victor Ier
(né en ? - mort en 199)
Élu pape en 189
(« Histoire des souverains pontifes romains » (Tome 1)
par A. de Montor paru en 1846,
« Résumé de l’histoire des papes » par A. Bouvet de Cressé, paru en 1826
et « Le Vatican ou Portraits historiques des papes » paru en 1825)
Publié le mercredi 10 août 2016, par Redaction
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Sous le pontificat de saint Victor, Africain, on s’occupa très particulièrement de la question relative à la Pâque. Il n’y avait toujours d’autre difficulté que de savoir si ce serait le quatorzième jour de la lune de mars, quel que fût ce jour, comme le voulaient les Asiatiques ; ou le dimanche qui suivrait ce quatorzième jour, ainsi qu’il était d’usage à Rome et chez les peuples occidentaux. La dernière opinion, conforme à la tradition de saint Pierre, prévalut dans un concile que Victor assembla dans Rome.

Cependant on ne regarda pas comme hérétiques ni schismatiques ceux qui observaient une pratique contraire, jusqu’à ce que la question eût été décidée par le concile de Nicée, en 325 — le premier concile général, dit de Nicée, ville de Bithynie, dans l’Asie mineure, dura deux mois et douze jours. Il y avait trois cent dix-huit évêques. Osius, évêque de Cordoue, y assista, comme légat du pape Sylvestre. L’empereur Constantin s’y trouva aussi, et ce fut dans ce concile qu’on dressa le symbole de Nicée.

Pape Victor Ier (189 - 199)

Pape Victor Ier (189 - 199)

Mais la première décision n’en prouve pas moins quelle était alors la puissance de Victor dans l’Église. En attendant le moment où l’autorité d’un concile distinguerait clairement les usages de l’Église romaine de ceux de la synagogue, quelques personnes vives et animées voulaient que Victor excommuniât les évêques asiatiques ; mais, à la persuasion de saint Irénée — disciple de saint Polycarpe devenu évêque de Lyon et avec lequel commence la longue chaîne des doctrines qui ont illustré l’Église gallicane —, Victor ne prononça pas le décret de séparation. Novaes rapporte les noms des auteurs qui croient à ce fait ; ensuite il nomme les auteurs qui pensent, au contraire, que l’excommunication eut lieu.

Parmi ces derniers, il cite Baronius, Pagi, Schelstrate, les Bollandistes, Basnage et autres. Pierre de Marca, en adoptant l’avis de ces derniers, ajoute que Victor, sur les instances de saint Irénée, admit ensuite les évêques à la communion. Le père Zaccaria, avec Dumesnil et Daude, croit que Victor priva les Asiatiques de sa communion particulière, en interrompant avec eux le commerce des lettres pacifiques ; et que finalement il se montra indulgent et patient, pour être agréable à beaucoup d’évêques qui voyaient qu’on allait tourmenter des Églises si illustres, quand on pouvait attendre du temps leur docilité et leur obéissance.

Saint Victor déclara que toute eau naturelle pouvait servir à donner le baptême, pourvu qu’il y eût nécessité indispensable.

Dans plusieurs conciles, il excommunia des hérésiarques qui soutenaient que le Christ était un homme, et non pas un dieu ; et d’autres qui enseignaient que le corps de Jésus était céleste. Il condamna Praxéas, qui voulait que le Père, et non le Fils, eût souffert la Passion, et qui niait les trois personnes de la très sainte Trinité. Praxéas s’était montré montaniste. Cette hérésie avait inquiété saint Soter et saint Éleuthère. Ces sectaires, non par tempérance, mais par l’effet d’une crainte affectée, s’abstenaient de la chair des animaux, et enseignaient d’autres scrupules que les Juifs cherchaient à accréditer encore davantage.

En ce temps-là florissait saint Clément d’Alexandrie. Il se nommait Titus Flavius Clément ; quelques-uns l’appellent Athénien, ce qui fait croire qu’il était né à Athènes. Il s’était rendu fort savant dans les belles-lettres, dans la philosophie, particulièrement de Platon, et enfin dans les saintes Écritures et la doctrine de l’Évangile ; il nous apprend lui-même le soin qu’il avait eu de s’en instruire parlant ainsi au commencement de ses Stromates : « Je n’ai point composé cet ouvrage pour l’ostentation ; c’est un trésor de mémoire que j’avais pour ma vieillesse, un remède sans art contre l’oubli et la malice, un léger crayon de ces discours vifs et animés, et de ces hommes bienheureux et vraiment dignes de mémoire que j’ai eu l’avantage d’entendre. »

Victor, en deux ordinations, créa douze évêques, quatre prêtres et sept diacres. Saint Nicolas Ier pape au milieu du IXe siècle, dit que Victor souffrit le martyre, et fut vraiment vainqueur parce qu’il fut martyr pour les traditions ecclésiastiques. Saint Victor fut enterré au Vatican. Il laissa quelques livres qui traitent des points de religion. Ils sont perdus ; mais ils avaient mérité les éloges de saint Jérôme. Le même Père annonce que saint Victor fut, parmi les auteurs ecclésiastiques, le premier qui sanctifia la langue latine, tous les autres, avant lui, ayant employé la langue grecque.

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