LA FRANCE PITTORESQUE
Tu es ille vir
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Publié le lundi 18 juillet 2016, par Redaction
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Tu es cet homme
 

David avait conçu une passion coupable pour Bethsabée, femme d’Urie, un de ses officiers. Afin de pouvoir l’épouser, il envoya à Joab, général de ses armées, qui assiégeait alors la capitale des Ammonites, l’ordre d’exposer Urie à l’endroit le plus périlleux. Celui-ci y fut tué, et David épousa Bethsabée. Mais bientôt Dieu lui envoya le prophète Nathan qui lui parla ainsi :

« Il y avait dans une ville deux hommes, l’un riche, l’autre pauvre. Le riche possédait un grand nombre de brebis et de bœufs ; le pauvre n’avait pour tout bien qu’une petite brebis qu’il élevait avec ses enfants. Il la nourrissait de son pain, la faisait boire dans sa coupe et dormir sur son sein ; il la chérissait comme sa fille. Un étranger étant venu loger chez le riche, celui-ci ne voulut point toucher à ses brebis et à ses bœufs pour lui donner à souper, mais il prit la brebis du pauvre et la servit à son hôte. — Cet homme mérite la mort, s’écria David ; il rendra quatre brebis pour une. — Tu es ille vir (tu es cet homme), reprit Nathan. Tu as méconnu la parole de Dieu qui t’a fait roi ; le Seigneur te punira. »

« Pendant le carême de 1675, le Père Bourdaloue, expliquant un jour la parabole de Nathan en présence de Louis XIV, qui vivait alors avec la marquise de Montespan, osa la lui appliquer directement, et plus d’une fois dans son discours le terrible tu es ille vir retentit aux oreilles du souverain. Au sortir de la chapelle royale, Louis XIV demande ce que Bourdaloue a voulu dire. Les courtisans restaient muets, quand tout à coup le duc de Montausier, dont la rigide franchise ne connaît pas les ménagements, s’écrie : « Sire, il a dit à Votre Majesté : Tu es cet homme-là. » (CRÉTINEAU-JOLY)

« Maniée légèrement et avec dextérité, l’ironie est une arme permise ; on peut dire la vérité en riant. Cette arme est d’autant plus flagellante qu’elle cache, sous un voile mystérieux, le coup qu’elle porte ; on est frappé, on n’ose l’avouer, on craint l’application de cette maxime perfide : C’est toi qui l’as nommé, tu es ille vir. » (Galerie de littérature)

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