LA FRANCE PITTORESQUE
Scribitur ad narrandum,
non ad probandum
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Publié le lundi 11 juillet 2016, par Redaction
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On écrit l’histoire pour raconter, non pour prouver
 

Quand M. de Barante écrivit l’Histoire des ducs de Bourgogne, extraite en grande partie des chroniques contemporaines, il la présenta toute en narrations, d’après le précepte de Quintilien, pris à la lettre : Scribitur ad narrandum, non ad probandum.

A la même époque, M. Daru fit paraître son Histoire de Venise, où, tout en fondant son récit sur les documents historiques, il en discutait la valeur, selon la méthode philosophique. De longues discussions s’engagèrent sur les deux méthodes ; on finit par s’en rapporter à la décision de Pline le jeune : « Historia quoquo modo scripta, delectat ; quelle que soit la manière dont l’histoire est écrite, elle charme. »

« Selon nous, le plus sûr moyen de beaucoup prouver est de bien raconter, et la meilleure histoire narrative sera en même temps, sans nul doute, la meilleure histoire philosophique. Je ne sais donc ce que signifie la célèbre phrase de Quintilien, que M. de Barante a prise pour épigraphe de son ouvrage : Scribitur ad narrandum, non ad probandum. Si elle a un sens, il ne s’applique qu’à la manière des anciens chroniqueurs qui, devisant naïvement sur ce qu’ils ont vu et entendu, se reprennent, se contredisent, avec une bonhomie parfaite et qui nous enchante parce qu’elle leur est propre et naturelle. » (Revue de Paris)

« M. de Barante adopta hardiment comme un système ce qui n’était que le vice d’un genre, et écrivit en tête de ses Ducs de Bourgogne le fameux paradoxe : Scribitur ad narrandum, non ad probandum. C’était tout simplement changer les rôles et passer à l’historien la plume du romancier. » (Émile SOUVESTRE)

« Les Anciens écrivaient l’histoire pour raconter, non pour prouver : Scribitur ad narrandum, non ad probandum. Ils faisaient des poèmes en prose, d’où il suit qu’on ne peut raisonnablement leur demander que ce qu’on demande à la poésie, et qu’il ne faut guère chercher chez eux la vérité historique. » (Gatien ARNOULD)

« Les tragédies de Voltaire offriraient plus d’intérêt, s’il eût mieux observé cette règle de la composition dramatique. C’est surtout à propos des ouvrages de théâtre que l’on peut dire avec Quintilien : Scribitum ad narrandum, non ad probandum. » (Francis WEY)

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