LA FRANCE PITTORESQUE
Champignon de couche (Les noces cachées du)
(Article fourni par la ville de Loches)
Publié le mercredi 6 octobre 2010, par LA RÉDACTION
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Tapis dans l’ombre du boyau, ils se reproduisent par milliers. Installés dans des caisses métalliques superposées, on les aperçoit par intermittence dans le faisceau lumineux d’une lampe frontale. Fragiles, les champignons sont l’objet de soins constants, souvent prodigués par des femmes.

La culture du champignon de couche est originaire d’Extrême-Orient (Chine et Japon). Vers 200 avant Jésus-Christ, les Grecs utilisent le fumier de cheval mélangé à de la cendre comme substrat. Ils déposent le tout sur des couches de figuier. Les champignons sont alors préparés en condiments, on leur prête des vertus aphrodisiaques. Un siècle plus tard, Dioscoride, médecin botaniste, rédige une pharmacopée de 600 plantes. Ses textes manquent de rigueur scientifique, mais ils seront une référence dans le domaine de la pharmacie pendant des siècles. On y trouve des données sur la production des pholiotes, champignons croissant par touffes à la base des arbres.

La culture du champignon commence réellement en Italie à la Renaissance, mais il faudra attendre les travaux de deux chercheurs pasteuriens, COSTANTIN et MATRUCHOT pour que soit reconstitué en laboratoire le mycélium nécessaire à la croissance des champignons. L’étude des champignons est une composante de la botanique. Ce sont des plantes sans chlorophylle, classées dans l’ordre des cryptogrammes ("noces cachées" en grec) : leur reproduction est souterraine. Dépourvus de tiges, de racines et de feuilles, ils sont incapables de fixer le gaz carbonique nécessaire à leur survie. Ils puisent donc dans des matières organiques existantes : substances en décomposition, parasitisme d’autres plantes, arbres ou animaux vivants (les mycoses) ou association étroite avec d’autres végétaux. La partie visible de la plante est un appareil reproducteur qui dissémine les spores : le carpophore. C’est elle que l’on mange. Le réseau de filaments qui nourrit la plante, le mycélium, est enterré. La durée de vie du mycélium est parfois extraordinairement longue. Certains mycélium circulaires (les fameux "ronds de sorcières") s’agrandissent d’année en année et peuvent atteindre une dimension de 15 hectares. Ces champignons auraient entre 1500 et 10000 ans d’existence !

Le champignon de Paris (Agaricus bisporus) est cultivé en couche depuis deux siècles en France. Sa culture est introduite dans le Val de Loire en 1895. La Touraine et le Saumurois représentent aujourd’hui les 3/4 de la production française.

Les caves troglodytiques du Val de Loire se prêtent particulièrement bien à la culture du champignon de couche grâce à leur obscurité, au taux d’humidité fort et constant de leur atmosphère et à la stabilité de leur température. Ils sont produits à partir d’un mycélium conçu en laboratoire et cultivé sur des grains de céréales. Il est implanté sur un compost de fumier de cheval et de paille étalé dans des caisses métalliques aux dimensions très précises. Les containers sont empilés les uns sur les autres pour gagner de la place. Cette méthode permet six récoltes par an. On cherche aujourd’hui à obtenir des champignons qui arrivent à maturité en même temps. Cette découverte permettrait de remplacer la main-d’oeuvre par une faucheuse.

La production du Val de Loire s’est diversifiée en 1970 avec la culture du pleurote et plus récemment encore du champignon japonais shii-také, à Saint Paterne Racan.

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