LA FRANCE PITTORESQUE
Odi profanum vulgus et arceo
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Publié le jeudi 23 juin 2016, par Redaction
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Je hais le vulgaire profane et je l’écarte (HORACE, liv. III, ode I, vers 1)
 

Horace a laissé peu de vers ; il mettait un soin extrême à les travailler. Peu jaloux des applaudissements de la foule, il se contentait des suffrages de quelques juges éclairés, et en général il se flattait de mépriser le jugement du vulgaire.

La Fontaine exprime le même sentiment dans ces deux vers :

Que j’ai toujours haï les pensées du vulgaire !
Qu’il me semble profane, injuste, téméraire !

« On reproche à Horace son Odi profanum vulgus. Pour toucher les hommes, dit-on, il faut consentir à parler leur langage. Je conviens que le ton de nos héros tragiques n’est pas toujours le plus propre à remuer la passion, mais est-on plus sûr de trouver le chemin du cœur par des rédactions plates que par des rédactions ampoulées ? » (DUNOYER, Revue de Paris)

« À l’égard de la copie de la lettre que je vous envoyai il y a un mois, c’était uniquement pour vous amuser, vous et deux ou trois honnêtes gens ; avez-vous pu penser un moment que les augustes mystères soient faits pour les profanes ? Odi profanum vulgus. » (VOLTAIRE)

« Prenez par le bec un petit oiseau bien gras, saupoudrez-le d’un peu de sel, ôtez-en le gésier, enfoncez-le adroitement dans votre bouche, mordez et tranchez tout près de vos doigts et mâchez vivement : il en résultera un suc assez abondant pour envelopper tout l’organe, et vous goûterez un plaisir inconnu au vulgaire : Odi profanum vulgus et arceo. » (BRILLAT-SAVARIN)

« J’écrivis il y a quelque temps à M. le garde des sceaux et à M. le lieutenant de police de Paris pour supprimer toutes les éditions étrangères de la Henriade, et surtout celle où l’on trouverait cette misérable critique dont vous me parlez dans vos lettres. L’auteur est un réfugié connu à Londres et qui ne se cache pas de l’avoir écrite. Il n’y a que Paris au monde où l’on puisse me soupçonner de cette guenille ; mais odi profanum vulgus et arceo ; et les sots jugements et les folles opinions du vulgaire ne rendront pas malheureux un homme qui a appris à supporter des malheurs réels ; et qui méprise les grands, peut bien mépriser les sots. » (VOLTAIRE)

« Les chefs de l’école poétique actuelle, qui auraient, plus que personne, intérêt à recueillir les utiles indications de la foule, rejettent par système tout avis venant de la foule, et se piquent, à la façon des conquérants, de ne suivre d’autre étoile que celle de leur génie : Odi profanum vulgus et arceo est leur devise. » (Charles MAGIN, Reveue des Deux-Mondes)

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