LA FRANCE PITTORESQUE
Ne sutor ultra crepidam
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Publié le mardi 21 juin 2016, par Redaction
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Que le cordonnier ne juge pas au delà de la chaussure
 

Mot du peintre Apelle devenu proverbial. Apelle venait de terminer un tableau. Il l’exposa aux regards du public, et se tint caché derrière une toile pour écouter les observations auxquelles son ouvrage donnerait lieu. Un cordonnier critique la sandale d’un des personnages ; le peintre retouche cette partie de son œuvre, mais lorsque le cordonnier veut parler du reste de l’ouvrage, il l’arrête par ces mots : Ne sutor ultra crepidam ! Leçon à l’adresse de ceux qui veulent parler des choses qui leur sont étrangères.
Voltaire disait à maître André, son perruquier, qui avait composé une tragédie et la lui avait dédiée : Maître André, faites des perruques.

Louis XV fit un jour au peintre Latour, qui travaillait à son portrait, une réponse noble et spirituelle dont le sens est parfaitement analogue à celui du proverbe latin. L’artiste, tout en travaillant, causait avec le roi ; mais, naturellement indiscret, il poussa la témérité jusqu’à s’écrier : « Au fait, sire, nous n’avons point de marine. — Et Vernet, donc ? » répliqua le monarque.

« — Eh bien, eh bien ! dit l’Antiquaire, j’ai eu tort une fois en ma vie (Le bon Antiquaire a voulu acheter lui-même du poisson, et sa sœur lui prouve qu’il l’a payé beaucoup trop cher) : Ne sutor ultra crepidam, j’en conviens ; mais ne songeons pas à la dépense. » (Walter SCOTT, L’Antiquaire)

« L’anatomiste qui s’avisera de censurer au nom de sa science les représentations du corps humain dans les tableaux des maîtres, s’exposera inévitablement à se faire appliquer le ne sutor ultra crepidam. » (L. PEISSE, La Médecine et les Médecins)

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