LA FRANCE PITTORESQUE
Major e longinquo reverentia
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Publié le lundi 20 juin 2016, par Redaction
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De loin le respect est plus grand
 

Pensée de Tacite. Nous sommes plus portés à accorder notre respect et notre admiration aux hommes que le temps éloigne de nous. A une certaine distance les taches disparaissent, les proportions grandissent. Aussi les grands hommes ont-ils toujours été mieux appréciés de la postérité que de leurs contemporains. Après trois mille ans, Homère ne nous semble plus un homme mais le dieu de la poésie.

La critique a une tendance marquée à élever les anciens au détriment des contemporains. Les ombres grandissent au crépuscule. « Je ne lis plus, je relis », disait brutalement un jour un premier président de Grenoble à J.-J. Rousseau, qui lui demandait s’il avait lu ses ouvrages.

« Il me semble que certains héros étrangers, des Asiatiques, des Américains, des Turcs, peuvent parler sur un ton fier et sublime : Major e longinquo. J’aime un langage hardi, métaphorique dans la bouche de Mahomet II, comme dans celle de Mahomet le prophète. » (VOLTAIRE, Lettre à M. de la Noue)

« Je crois que vous voulez nous abandonner tout à fait, et ne nous plus parler que par lettres. N’est-ce point que vous vous imaginez que vous en aurez plus d’autorité sur moi, et que vous en conserverez mieux la majesté de l’empire : Major e longinquo reverentia ? Croyez-moi, monsieur, il n’est pas besoin de cette politique ; vos raisons sont trop bonnes d’elles-mêmes sans être appuyées de ces secours étrangers. » (RACINE, Lettre à M. l’abbé Le Vasseur)

« Je ne puis m’empêcher de remarquer, à mes risques et périls, que, pour juger sainement les génies du passé, nous devons précautionner notre imagination contre les effets du lointain : Major e longinquo reverentia. » (Revue de Paris)

« Si la science primitive apparaît dans le lointain des âges sous de colossales proportions, on ne doit pas, trompé par cette illusion d’optique, lui attribuer sur la science plus vaste, plus exacte, plus variée des siècles postérieurs une supériorité qu’elle n’a jamais ni eue, ni pu avoir : Major e longinquo reverentia. » (LAMENNAIS, De l’Indifférence en matière de religion)

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Tous droits réservés. Reproduction interdite. N° ISSN 1768-3270.

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