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Gare de Lyon (Paris) : merveille
de l’Exposition universelle de 1900
(Source : Le Point)
Publié le jeudi 16 juin 2016, par Redaction
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Panique à la Ville de Paris à la fin du XIXe siècle : on attend plusieurs dizaines de millions de visiteurs pour l’Exposition universelle de 1900. Or les gares existantes sont déjà submergées par le trafic en hausse constante : il faut donc les agrandir. La Compagnie PLM décide de reconstruire sa gare de Lyon qui ne compte que cinq voies.
 

Petit retour en arrière : la toute première gare date de 1847. En fait, au milieu du XIXe siècle, on emploie encore le mot embarcadère. Un mot emprunté à la navigation fluviale. Donc, ce premier embarcadère, terminus de la ligne Paris-Montereau, n’est qu’un modeste bâtiment en bois. En effet, la compagnie ferroviaire refuse cet emplacement alloué par la Ville et situé juste en face de la prison Mazas. Elle espère toujours pouvoir s’installer définitivement sur la place de la Bastille. Finalement, en 1855, elle dépose les armes, se résout à l’emplacement alloué, et bâtit sa première gare en dur qu’elle juche sur une butte artificielle pour la mettre à l’abri des crues.

En 1898, la prison Mazas est démolie. L’agrandissement de la gare est confié à l’architecte toulonnais Marius Toudoire qui prévoit treize voies pour absorber tout le trafic. Le hall principal est un chef-d’œuvre de ferronnerie long de 220 mètres et large de 42. L’élément le plus remarquable, c’est bien sûr la tour de l’horloge, un beffroi qui culmine à 67 mètres. Sur ses quatre faces, une horloge géante — de Paul Garnier — renseigne de loin les voyageurs, qui, à cette époque, ne possèdent pas souvent de montre.

Gare de Lyon vers 1910, par Eugène Galien-Laloue (1854-1941)

Gare de Lyon vers 1910, par Eugène Galien-Laloue (1854-1941)

Chaque cadran mesure 6,4 m de diamètre, ce qui les place, en dimension, juste après l’horloge de Big Ben (7,5 m). Les chiffres mesurent un mètre de haut. La grande aiguille s’allonge sur quatre mètres et pèse 38 kilos, tandis que la petite n’atteint que 2,8 m pour 26 kilos. Les vitraux formant le fond des horloges occupent 132 mètres carrés. Jusqu’en 1929, les quatre cadrans sont éclairés de l’intérieur par 1 000 becs à pétrole, nécessitant la présence de quatre employés pour les allumer et les éteindre soir et matin.

L’autre élément remarquable de la nouvelle gare, c’est son buffet. Un buffet considéré comme le plus beau au monde, entièrement dans le style Second Empire avec beaucoup d’or, beaucoup de peintures décoratives, beaucoup de luxe. Les cuisines situées dans les combles sont desservies par sept monte-charge. En 1966, le Train bleu (ainsi le buffet a-t-il été rebaptisé) est sauvé de la démolition par Malraux. Parmi les plus prestigieux habitués, on compte Brigitte Bardot, Sarah Bernhardt, Dalí, Cocteau, Chanel, Gabin, Mitterrand.

La salle des guichets est ornée d’une magnifique fresque longue (aujourd’hui) de cent mètres représentant toutes les villes desservies par la ligne Paris-Menton. En réalité, elle a été conçue en deux fois. En 1903, le peintre Jean-Baptiste Olive a représenté neuf villes de Lyon à Menton en l’ornant de nombreux personnages. En 1980, lorsque la salle a été allongée, onze villes ont été rajoutées par l’artiste Jean-Paul Letellier de Paray-le-Monial jusqu’à Paris.

Malgré tous les efforts consentis, la gare de Lyon n’est pas livrée à temps pour l’inauguration de l’Exposition universelle. Elle sera bien mise en service, mais au milieu d’un chantier. L’inauguration officielle se fera le 6 avril 1901 par le président de la République Émile Loubet.

Frédéric Lewino et Essia Lakhoua
Le Point

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