LA FRANCE PITTORESQUE
Horresco referens
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Publié le jeudi 26 mai 2016, par Redaction
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Je frémis en le racontant (VIRGILE, Énéide, liv.&nbs;II, v. 204)
 

Exclamation douloureuse d’Énée au moment où, dans son récit des malheurs de Troie, il arrive à la mort de Laocoon dévoré avec ses fils par deux serpents. Ces deux mots font un bel effet : ce qu’on raconte avec effroi produit plus sûrement l’effroi.

Dans Iphigénie, Achille parle ainsi à Agamemnon :

On dit, et, sans horreur, je ne puis le redire,
Qu’aujourd’hui par votre ordre Iphigénie expire.

Quand Cléry, valet de chambre de Louis XVI, rédigea le journal de la captivité de son maître à la tour du Temple, il prit ces mots pour épigraphe. Jamais l’horresco referens du poète n’avait trouvé une application plus vraie et plus saisissante.

Dans l’usage, ces mots, comme beaucoup d’autres empruntés à la muse antique, ne s’emploient guère que sur le ton de la plaisanterie.

« Je renonce pour le travail à toutes ces déceptions passagères qu’on appelle des voluptés. Je lirai s’il le faut les dix volumes de Jacobus Cujatius, dans l’édition d’Annibal Fabroti ; je les lirai, horresco referens, avant de m’occuper d’une femme, et j’en prends à témoin l’ombre de Justinien. » (Charles NODIER)

« Des cris de joie retentissent dans le camp des ultramontains ; un auxiliaire inattendu leur arrive, et — horresco referens — c’est le Journal des Débats. L’attaque vient de M. Renan, membre de l’Académie des Inscriptions et belles-lettres ; il insulte Béranger qu’il traite d’impie, de philistin. » (Émile de LA BÉDOLLIÈRE)

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